Pakistan: l'attaque d'une école de police fait 58 morts

Evacuation d'un blessé au Collège de police, près de Quetta, Pakistan, le 24 octobre 2016.

Au moins 58 personnes ont péri lors d'une attaque attribuée à un groupe islamiste contre une école de police dans le sud-ouest du Pakistan dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué les autorités.

Un précédent bilan de 44 personnes tuées et 118 blessées a été revu à la hausse mardi matin.

"Aux premières heures du jour, nous avons un bilan de 58 morts, qui ont été tués lors de l'attentat d'hier soir", a déclaré à l'AFP le docteur Nasir Sumalani, responsable de l'hôpital public de Quetta. Ce bilan a été confirmé par un autre responsable.

"Nous avons également reçu le corps d'un terroriste", a ajouté le Dr Sumalani.

Selon l'armée, les assaillants ont pénétré avant minuit dans le Collège de police situé à une vingtaine de kilomètres à l'est de Quetta, la capitale de la province instable du Baloutchistan.

Après plusieurs heures d'échanges de tirs, un responsable provincial a annoncé mardi vers 04h00 du matin (23h00 GMT lundi) que l'armée avait délogé les assaillants et sécurisé l'établissement, qui héberge plusieurs centaines de policiers en formation.

L'attaque a été menée par trois kamikazes armés, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur de la province du Baloutchistan, Mir Sarfaraz Ahmed Bugti, révisant à la baisse le nombre d'assaillants, initialement évalué entre 5 et 6 par l'armée.

Sept cents recrues se trouvaient dans l'établissement lors de l'attaque, selon M. Bugti. "Les lieux sont à 99% sécurisés, nous terminerons cela une fois le soleil levé", a-t-il dit.

Faction islamiste alliée des talibans

Le général Sher Afgan, commandant du Frontier Corps chargé de la contre-offensive, a attribué l'assaut à une faction du groupe islamiste Lashkar-e-Jhangvi, allié des talibans pakistanais. Selon lui, les assaillants "communiquaient avec des cadres en Afghanistan".

Kaboul accuse très régulièrement Islamabad d'abriter des insurgés s'en prenant à des cibles gouvernementales afghanes, mais l'inverse est plus rare.

"J'ai vu trois hommes en tenue de camouflage, le visage caché et armés de kalachnikovs", a raconté un témoin se présentant comme policier en formation, interviewé par une chaîne télévisée. "Ils ont commencé à tirer et sont entrés dans le dortoir mais j'ai réussi à m'échapper en passant par dessus un mur".

Des troupes ont rapidement été déployées sur les lieux, appuyées par des hélicoptères.

Un photographe de l'AFP sur place a constaté que toute la zone était plongée dans le noir et encerclée par les forces de sécurité, tandis que les ambulances transportant les victimes entraient et sortaient à toute allure.

Les hôpitaux de Quetta ainsi que ceux de Karachi, la mégapole de la province voisine du Sindh, étaient en alerte dans la perspective de l'arrivée de très nombreux blessés.

Le Baloutchistan, la plus vaste et la plus pauvre des provinces du Pakistan en dépit d'importantes ressources naturelles, est secouée par des violences islamistes, et en proie à des conflits inter-communautaires ainsi qu'une insurrection séparatiste baloutche.

Le 7 octobre, six personnes avaient été tuées au Baloutchistan dans une attaque qui avait visé des militaires voyageant dans un train de passagers et dont l'Armée de libération baloutche (BLA) avait endossé la responsabilité.

En août, un attentat revendiqué à la fois par une faction talibane, Jammat-ul-Ahrar (JuA), et par le groupe Etat islamique (EI) avait fait 73 morts dans un hôpital de Quetta au moment où la foule s'y recueillait sur la dépouille du bâtonnier de la province, assassiné quelques heures plus tôt.

Le Baloutchistan est également stratégique car c'est là que débouchent d'ambitieuses infrastructures routières et énergétiques reliant la Chine à la mer d'Arabie.

Ce couloir économique sino-pakistanais (CPEC), qui a requis 46 milliards de dollars d'investissements chinois, a été la cible de nombre d'attaques, notamment de séparatistes baloutches, mais la Chine s'est dite confiante quant à la capacité de l'armée pakistanaise à y contrôler la situation.

Les violences islamistes ont fait des milliers de morts depuis l'émergence de groupes armés extrémistes dans la foulée de la décision d'Islamabad de soutenir les Etats-Unis lors de leur invasion de l'Afghanistan des talibans en 2001 après les attentats du 11-Septembre.

Avec AFP