Les rues sont restées inhabituellement vides, les transports étant en grève tandis que les rideaux de fer des magasins étaient baissés et fermés par des cadenas dans le centre de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Des dizaines de personnes ont convergé vers une tente installée sur une place centrale, où se réunissent les soutiens des prisonniers. Puis elles ont marché dans le calme vers un checkpoint israélien avant d'être arrêtées par les forces de sécurité palestiniennes à bonne distance de celui-ci.
Quelques dizaines de jeunes ont contourné le dispositif et sont allés défier les soldats israéliens postés à ce checkpoint de Bet El, l'un des lieux de confrontation privilégiés par la jeunesse palestinienne contre l'occupation.
Ils ont jeté des pierres sur les jeeps israéliennes et incendié des pneus lâchant une épaisse fumée noire. Les soldats ont riposté par des tirs de lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Des heurts, également restreints, se sont produits ailleurs à la périphérie de Ramallah, à proximité de la colonie de Psagot.
Dans la bande de Gaza, autre territoire palestinien distant de quelques dizaines de kilomètres de la Cisjordanie mais gouverné par le Hamas islamiste, grand rival de l'Autorité palestinienne, les institutions publiques comme les écoles non administrées par l'ONU ou les banques sont restées fermées.
Le suivi de la grève générale en Cisjordanie "est sans précédent depuis des années", a dit à l'AFP Khalil Rizeq, qui dirige l'Union des chambres de commerce palestiniennes. "Tous les secteurs palestiniens, comme les transports, les boulangeries, les magasins, l'ensemble du secteur privé et des institutions commerciales participent", a-t-il souligné. Et ce n'est que "le début", a-t-il ajouté.
La grève était observée dans toutes les villes de Cisjordanie, seuls les médecins et les lycéens qui passent bientôt leur baccalauréat étant exemptés.
Le mouvement a été organisé en soutien aux quelque 1.500 Palestiniens qui ont entamé le 17 avril une grève de la faim dans les prisons israéliennes à l'appel de Marwan Barghouthi, leader emprisonné du parti Fatah.
Le sort des prisonniers est particulièrement sensible parmi les Palestiniens: plus de 850.000 d'entre eux (pour une population actuelle de 4,5 millions dans les Territoires) sont passés par les prisons israéliennes depuis le début en 1967 de l'occupation israélienne.
Oday Homaid, ingénieur de 27 ans, a suivi la grève et est venu avec l'équipe de techniciens de son entreprise d'entretien d'ascenseurs, sur la place Yasser Arafat où se dresse la tente de soutien aux prisonniers. "C'est le minimum que l'on puisse faire pour nos prisonniers", affirme à l'AFP le jeune homme aux lunettes noires et à la fine barbe.
"Nous pouvons sacrifier une journée pour nos prisonniers qui ont donné des années entières de leur vie", renchérit Munther Karaja, un pâtissier de 42 ans qui a fermé boutique.
Les 1.500 prisonniers grévistes de la faim n'ingèrent que de l'eau et du sel. Responsables et défenseurs des droits de l'Homme s'inquiètent de leur état de santé et préviennent que la mort de l'un d'eux pourrait mener à une "explosion".
Avec AFP