Papa Massata Diack réplique face aux accusations de corruption pour les JO 2016

Papa Massata Diack, au centre, fils de l'ancien président de l'IAAF Lamine Diack arrive au commissariat central de Dakar, au Sénégal, lundi 17 février 2016.

"Acharnement indigne", "accusations infondées": soupçonné de corruption dans le processus d'attribution des JO 2016 à Rio en octobre 2009, Papa Massata Diack s'est défendu de toute irrégularité dans un entretien exclusif accordé lundi à l'AFP, estimant que "l'enquête n'est pas sérieuse".

Il fait l'objet, tout comme son père Lamine Diack l'ancien président de la très puissante Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), d'une enquête judiciaire en France qui a débouché sur la mise en examen du père pour corruption et blanchiment aggravé.

L'enquête de la justice française se concentrait au début sur de la corruption au sein de l'IAAF, Lamine Diack étant soupçonné d'avoir couvert contre rémunération des contrôles antidopage d'athlètes russes. Il existe désormais deux autres procédures: une information judiciaire distincte sur Tokyo-2020 et une enquête préliminaire du Parquet national financier sur Rio-2016. Papa Massata Diack, qui se trouve "au coeur du dossier", selon une source proche de l'enquête, est visé par un mandat d'arrêt international émis par la France depuis décembre 2015.

"Rio a gagné de manière nette", a répliqué "PMD", alors qu'il s'est jusqu'à présent très peu exprimé dans les médias internationaux. Il a réfuté "de la manière la plus virulente" les accusations du quotidien français Le Monde.

Dans un article daté du 4 mars, le journal du soir affirme qu'il a reçu 1,5 million de dollars de la part d'un homme d'affaires brésilien, le 29 septembre 2009, soit trois jours avant le vote à Copenhague du Comité international olympique (CIO) pour l'attribution des JO-2016.

A l'époque, son père était président de l'IAAF et membre votant du CIO.

"Cette société (brésilienne) se trouve être un client", a fait remarquer, sans plus de détails, Papa Massata Diack qui parle "d'accusations infondées".

Le versement d'un million et demi de dollars a été effectué par la société Matlock Capital Group, liée à l'homme d'affaire brésilien Arthur Cesar de Menezes Soares Filho, à Pamodzi Consulting, entreprise de Papa Massata Diack, selon Le Monde.

Arthur Cesar de Menezes Soares Filho est connu pour ses excellentes relations avec Sergio Cabral (Parti du mouvement démocratique brésilien, centre), gouverneur de l'Etat de Rio entre janvier 2007 et avril 2014, aujourd'hui en prison pour corruption, explique Le Monde.

Selon le journal, "les magistrats soupçonnent des manoeuvres destinées à acheter les votes de membres du CIO lors de la désignation".

Fredericks se met en retrait

"Il y a un acharnement indigne créé autour de cette affaire, alors que l'enquête n'est pas sérieuse et n'a pas été faite de manière professionnelle et contradictoire", a rétorqué Papa Massata Diack, qui fut consultant marketing de l'IAAF jusqu'en 2014.

"Qu'on vienne au Sénégal enquêter et que je puisse répondre officiellement au lieu d'organiser des fuites dans la presse", a-t-il ajouté. Recherché par la justice française, il vit actuellement à Dakar et le gouvernement sénégalais a indiqué qu'il n'allait pas l'extrader vers la France.

Dans l'entretien à l'AFP, 'PMD' a par ailleurs déploré la situation de son père Lamine placé sous contrôle judiciaire par le juge français, "pris en otage" en France selon son fils: "Ils veulent le faire craquer psychologiquement", a-t-il affirmé.

Egalement cité dans l'article du Monde, le Namibien Frankie Fredericks a lui été remplacé lundi au sein de la Taskforce de l'IAAF chargé de surveiller les progrès de la Russie dans la lutte contre le dopage, a annoncé l'instance de l'athlétisme mondial dans un communiqué.

Le 2 octobre 2009, jour du vote à Copenhague de la ville hôte des JO-2016, Frankie Fredericks a reçu un versement de près de 300.000 dollars de la société de Papa Massata Diack.

L'ex-sprinteur affirme que le paiement "n'a rien a voir avec les jeux Olympiques" et qu'il a été réalisé "conformément à un contrat daté du 11 mars 2007", "pour services rendus entre 2007 et 2011".

Fredericks se met en retrait de la Taskforce, "pour que l'intégrité du travail (de celle-ci) ne soit pas remise en question, après les allégations contre moi dans Le Monde".

Président honoraire de la commission des athlètes de l'IAAF, Fredericks est remplacé par l'ancien sauteur en hauteur slovène Rozle Prezelj comme représentant des athlètes au sein de la Taskforce sur la Russie.

Ce groupe de travail de cinq membres a été mis sur pied à la suite de la révélation d'un dopage d'État dans l'athlétisme russe et de sa suspension de toute compétition internationale en novembre 2015.

Avec AFP