C’est le cas d’Anna Syzonova. Cette jeune économiste, mère de deux enfants, a dû quitter son pays, l’Ukraine, après l’attaque de la Russie, pour chercher refuge d’abord dans différents pays d’Europe, avant d’atterrir aux Etats-Unis en mai 2023, avec ses deux filles âgées de 8 et 6 ans.
En partant de l’Ukraine, Anna Syzonova n’a pas seulement quitté un merveilleux pays. Elle a dû surtout quitter sa précieuse famille, ses chaleureux amis et leurs randonnées, sa ville de naissance, son quartier, son emploi, les rencontres familiales. Bref, toute une vie imprimée à jamais dans son cœur mais dont le souvenir est à la fois beau et douloureux.
“Nous avions une belle vie, une vie heureuse. Les enfants allaient à l'école et jouaient sur les aires de jeux. Chaque jour, nous marchions. Parfois, nous allions au musée, au concert. Et je pensais à l’avenir, à une bonne université. On nageait dans la rivière, on se promènait avec des amis. Et le 24 février 2022, l’armée russe est venue dans ma ville. Et la vie s’est arrêtée”, se souvient Anna Syzonova, nostalgique.
La jeune maman confie n’avoir jamais pensé qu’elle se retrouverait réfugiée un jour, loin des siens, loin de tout. Elle se souvient s’être réveillée un matin dans sa ville de Sumy, non loin de la frontière avec la Russie, et constater qu’il n’y avait plus que les femmes, les enfants et les personnes âgées dans la ville.
Quand les bombardements persistent, le sous-sol des maisons n’est plus propice pour se protéger. La nourriture commence à manquer. Il n’y a plus d’électricité. Avec regret, Anna n’a plus d’autre choix que de partir.
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Madame Syzonova affirme qu’elle arrive en Pologne en compagnie de ses filles, accueillie par une amie. Elles ont pour seul bagage… les habits qu’elles portent. Mais le spectre de la guerre continue de hanter Anna Syzonova. La Pologne n’est pas loin de la Russie. Qui sait si elle n’est pas la prochaine cible de Moscou? Anna reconnait qu’elle a peur.
Elle réussit à trouver une famille d’accueil aux Pays-Bas. Elle y séjourne en tout dans trois autres familles accueils, dont celle d’Ethan Van Woerkom. Ce jeune astrophysicien était aux Etats-Unis pour un voyage professionnel et visitait Madame Syzonova et ses filles lorsque nous l’avions interviewé.
"Nous avons été tellement frappés par le sort de ces gens qui fuient les bombes, les bombardements. Et donc nous avons offert un espace dans notre maison à une association caritative locale qui aide les réfugiés ukrainiens à venir séjourner dans notre maison”, dit-il.
”Et maintenant, nous avons aidé ces personnes merveilleuses à vivre une vie sûre avant de finalement venir ici en Amérique. Et je suis également heureux de dire que j'ai gagné trois amis incroyables et que je vais rester en contact avec eux pour le reste de ma vie”, ajoute Van Woerkom.
Lire aussi : L'ONU réclame un accès aux enfants et civils ukrainiens déportés par la RussieAux Pays-Bas, Anna Syzonova, commence ses cours d’anglais. Ses enfants, Anastasia et Maria se connectent sur internet pour suivre les cours depuis leur école à Sumy, en Ukraine; avant qu'elle ne ferme, les combats étant devenus intenses. Mais la jeune maman affirme qu’aller de famille d’accueil en famille en accueil ne la rassure pas. Et puis, la Hollande, c’est toujours l’Europe…proche de l’Ukraine.
L'Ukrainienne assure qu'elle veut une stabilité et un futur pour ses deux filles. Elle finit par trouver, sur Internet, le comité d'aide aux réfugiés de Greenbelt, dans le Maryland, aux Etats-Unis, qui sponsorise leur voyage dans ce pays. Mais Anna et ses deux enfants finissent par atterrir aux États-Unis en mai 2023, accueillies par Frank Gervasi, le président dudit comité.
"Tous ces réfugiés n'avaient aucune intention de partir. Ils avaient de bonnes vies, ils avaient de bons emplois, ils avaient de bonnes conditions de vie. Ils aiment leurs communautés. Ils y étaient établis depuis des générations. Ils sont aussi tous traumatisés. Chaque réfugié qui vient est traumatisé”, confie M. Gervasi.
Les démarches avaient pris cinq mois. Pour Anna Syzonova, les Etats-Unis, c’est un nouveau recommencement avec autant de défis à relever.
“J’apprends l'anglais. Les enfants apprennent aussi. Vous apprenez non seulement la langue, vous apprenez la culture, vous apprenez les règles, vous apprenez tout. Et encore une fois, nous recommençons la vie à zéro. Oui, c'est une nouvelle vie, mais j'espère que mes enfants seront forts, pas malades. Et que je sois aussi forte”, souhaite l’Ukrainienne.
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Elle soutient qu’elle veut continuer à être forte pour être présente lors de la reconstruction de son pays, quand la guerre sera finie.
Pour le moment, Anna Syzonova confie qu’elle se sent en sécurité, confiante qu’elle peut offrir à ses deux filles une tranquillité d’esprit, une stabilité. Mais elle pense toujours à son merveilleux pays aujourd’hui en ruine, aux gens qui y sont bloqués, qui continuent d’endurer toutes les calamités, qui meurent chaque jour sous les bombes, à cause de la faim, des maladies ou des intempéries. Elle pense à ses amis, à sa famille, aujourd’hui éparpillée, et surtout à son unique frère, qui se bat au front.
Selon Anna, son frère faisait partie du contingent ukrainien de la Monusco en RDC, avant d’être rappelé pour aller défendre son pays contre la Russie. Anna Syzonova pense aussi surtout à l’après-guerre, quand il faudra reconstruire le pays. Ce sera un autre recommencement…