"Face aux risques de déconstruction de notre édifice multilatéral", il faut "un message de soutien aux Nations unies et à l'action multilatérale", a expliqué le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse à New York avec son homologue allemand Heiko Maas.
"Nous voulons nous assurer que l'ONU reste l'institution pivot pour la paix et la sécurité à l'avenir", a renchéri le ministre allemand. "Nous voulons aussi nous opposer à l'érosion des structures de désarmement", a ajouté Heiko Maas.
Etats-Unis, Russie, Chine: ces "trois acteurs majeurs, directement ou indirectement, remettent en cause le multilatéralisme", relève un responsable européen sous couvert d'anonymat.
Lire aussi : Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo n'ira pas à une réunion du G7 en France"Les Etats-Unis sont dans une forme d'isolationnisme, +America first+, pour laquelle la seule régulation du monde passe par les rapports de forces". "La Russie bloque le Conseil de sécurité sur tous les grands sujets de crise". Et "la Chine se fait le chantre d'un nouveau multilatéralisme" pour en être le centre "avec les routes de la soie", précise cette source.
Face aux interrogations sur l'avenir des outils de régulation mondiale, "il faut prendre des initiatives, de pression, d'action, d'interpellation" pour contrecarrer le "réseau anti-ONU".
D'où l'idée de cette nouvelle alliance pour "les puissances de bonne volonté" qui sont "convaincues que le rapport de forces n'est pas un modèle d'organisation de la planète".
Selon des diplomates, le Canada et le Japon figurent parmi les pays les plus intéressés par l'initiative, qui sera lancée formellement lors d'une réunion ministérielle en septembre à New York. D'autres pays pourraient s'y joindre, mais à condition de ne pas créer un front ouvertement anti-Donald Trump.
Ce sera un "groupe informel, d'impulsion", "un réseau d'Etats qui partagent le même objectif". Pas "un nouveau club fermé (et) érigé contre un Etat", assurent Paris et Berlin qui laissent la porte ouverte à Washington.
A la mi-février, une cinquantaine de pays entrainés par la Russie avaient aussi créé un groupe destiné à défendre les principes de la Charte des Nations unies, bafoués selon eux par les Occidentaux au Venezuela. "Ils se sont arrêtés à la défense de la souveraineté des Etats en oubliant les droits humains", ironise un diplomate européen.
Avec AFP