Malgré une légère baisse des températures caniculaires, le feu, qui s'était déclaré samedi après-midi à Pedrogao Grande dans le centre du Portugal, continuait de faire rage, se propageant aux régions voisines de Castelo Branco et Coimbra.
A travers le pays, le nombre de foyers d'incendie s'est réduit pendant la nuit à 35, mais les moyens mobilisés restaient quasiment les mêmes, avec plus de 2.000 pompiers et 660 véhicules. "Le risque d'incendie est maximal" dans le centre, prévenait la protection civile.
"Le Portugal pleure pour Pedrogao Grande", "En mémoire des victimes", "Notre douleur à tous" titrait la presse, arborant des bandeaux noirs. "Comment cela a-t-il pu arriver?" s'interroge le Jornal de Noticias. "Pourquoi?" interpelle Publico.
"Notre douleur est immense, tout comme notre solidarité avec les familles des victimes de la tragédie", a déclaré dimanche soir le président Marcelo Rebelo de Sousa, encore sous le choc après le sinistre le plus meurtrier de l'histoire récente du Portugal.
"Nous ressentons un sentiment d'injustice, car la tragédie a touché ces Portugais dont on parle peu, d'une zone rurale isolée", a-t-il ajouté.
Le dernier bilan officiel fait état de 62 morts et 62 blessés, dont cinq dans un état grave, un enfant et quatre pompiers. Mais les autorités n'excluent pas de trouver d'autres victimes dans des villages cernés par des murs de flammes.
Sur les collines situées entre les bourgades de Pedrogao Grande, Figueiro dos Vinhos et Castanheira de Pera, encore recouvertes d'eucalyptus et de pins 24 heures plus tôt, la dévastation était totale dans les zones brûlées.
'La fin du monde'
Selon les autorités, une grande partie des victimes ont péri dans leurs voitures, piégées par les flammes alors qu'elles circulaient samedi sur la nationale 236 reliant Figueiro dos Vinhos à Castanheira de Pera.
"C'était vraiment l'enfer. Je pensais que la fin du monde était venue. J'ai cru que je n'allais pas m'en sortir", a témoigné à la télévision portugaise Maria de Fatima Nunes, une rescapée du drame.
D'autres corps ont été découverts dans des maisons de zones isolées. Au moins trois villages à proximité de Pedrogao Grande ont été évacués.
La majorité des victimes déjà identifiées "sont mortes dans leur maison, qu'elles n'avaient pas abandonnée à temps", a souligné le Premier ministre Antonio Costa, appelant à respecter les ordres d'évacuation.
"Si je quitte ma maison, tout va brûler, car nous n'avons personne pour nous aider", a raconté Fernando Pais, agriculteur de 50 ans vivant avec sa femme et son fils à Trespostos, un hameau proche du village de Campelo.
La famille Pais a refusé de quitter sa maison et depuis plus de 24 heures, elle se bat toute seule contre les flammes avec un simple tuyau d'arrosage.
"Je connaissais plusieurs victimes. Une de mes collègues a perdu sa mère et sa fille de quatre ans, car elle n'a pas réussi à les sortir de l'arrière de la voiture", a témoigné Isabel Ferreira, 62 ans, qui réside dans un village des alentours.
Renforts européens
La police judiciaire a "réussi à déterminer qu'un orage sec est à l'origine de l'incendie", écartant la piste criminelle après avoir trouvé un arbre frappé par la foudre.
Quatre Canadairs espagnols et trois avions français sont arrivés dimanche pour appuyer les pompiers portugais. Deux avions espagnols et deux italiens devaient arriver lundi, ainsi que des renforts terrestres, dans le cadre du mécanisme européen de protection civile activé à la demande de Lisbonne.
"Mes pensées vont aux victimes au Portugal", a indiqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Le Premier ministre grec Alexandre Tsipras a promis à Lisbonne "toute l'aide nécessaire" de la part des équipes de pompiers grecs.
Le Portugal a connu ce week-end une forte canicule, avec des températures dépassant les 40 degrés dans plusieurs régions.
Relativement épargné en 2014 et 2015, le pays avait été durement touché l'an dernier par une vague d'incendies qui avaient dévasté plus de 100.000 hectares sur son territoire continental.
Sur l'île touristique de Madère, où les feux ont fait trois morts en août, 5.400 hectares sont partis en fumée en 2016.
Avec AFP