Lors d'une réunion à huis clos, le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la motion qui recommandait l'ancien premier ministre du Portugal pour un mandat de cinq ans, un vote suivi d'applaudissements, selon des diplomates présents.
Sa désignation comme neuvième secrétaire général doit encore être approuvée par l'Assemblée générale de l'ONU, ce qui devrait être une formalité. Il prendrait ses fonctions le 1er janvier pour succéder au Sud-Coréen Ban Ki-moon.
Le vote de l'assemblée des 193 Etats membres devrait se tenir la semaine prochaine, probablement jeudi.
L'ancien Premier ministre du Portugal était le favori après avoir terminé en tête des six scrutins préliminaires.
Depuis Lisbonne, où il se trouvait jeudi, ce petit homme râblé aux yeux brillants a formé le voeu que cette désignation "consensuelle" et "rapide" soit "symbolique d'une capacité du Conseil de sécurité d'agir dans l'unité et le consensus, pour pouvoir répondre rapidement aux terribles défis de notre temps".
La liste des sujets brûlants auxquels le futur secrétaire général va devoir s'atteler est déjà longue avec, en haut de la pile, la Syrie.
Les Etats-Unis ont suspendu lundi leurs pourparlers avec la Russie concernant un cessez-le-feu en Syrie, tandis qu'une partie de la ville d'Alep tenue par les rebelles est l'objet d'intenses bombardements du régime syrien et de ses alliés russes.
Dans un territoire en proie à la barbarie, où les conventions internationales sont bafouées quotidiennement, les Nations unies rencontrent de grandes difficultés pour acheminer de l'aide humanitaire et s'assurer du respect des droits des réfugiés.
Antonio Guterres va hériter "de certains des défis les plus complexes posés à la paix, à la sécurité, aux droits de l'homme et au développement que le monde ait connus", a estimé l'ambassadrice des Etats-Unis, Samantha Power.
Plusieurs diplomates comptent sur la personnalité de ce socialiste de 67 ans pour soutenir le dialogue, autour de la Syrie mais aussi sur l'ensemble des dossiers.
C'est "quelqu'un qui parle à tout le monde, dit ce qu'il pense, quelqu'un de très extraverti, une personne très ouverte", a souligné l'ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine.
- 'Rendre du leadership' à l'ONU -
"Je ressens l'humilité de celui qui fait face à des défis énormes, dans un monde qui est perturbé par des problèmes très très sérieux", a explique jeudi Antonio Guterres.
Il s'est dit aussi habité de "l'humilité pour pouvoir servir les plus vulnérables, les victimes des conflits et du terrorisme, les victimes de la violation des droits, de la pauvreté ou des injustices de notre monde".
L'ONU doit également faire face à plusieurs enquêtes sur des accusations d'abus sexuels visant des soldats déployés en Centrafrique dans le cadre de missions avalisées par les Nations unies.
Outre les enquêtes visant des soldats français de l'opération Sangaris, plus de 40 cas d'exploitation ou d'abus sexuels présumés commis par des casques bleus ont été signalés depuis le déploiement de la Minusca, la force onusienne de stabilisation en Centrafrique, en septembre 2014.
Pour l'ambassadeur ukrainien Volodymyr Yelchenko, le futur secrétaire général devra "rendre du leadership" aux Nations unies.
"Le rôle des Nations unies n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui, et pour cela, M. Guterres est le leader adéquat", a déclaré François Delattre, ambassadeur de France, pays qui a soutenu la candidature du Portugais tout au long de sa campagne.
Autre dossier sur la table, Antonio Guterres a promis de s'attaquer à la représentation des femmes au sein de l'ONU et d'aller vers la parité au sein de l'institution, qui ne compte actuellement qu'un quart de femmes aux postes de décision.
Beaucoup s'attendent à ce qu'il désigne une femme au poste de numéro deux de l'ONU, celui de secrétaire général adjoint.
Avec AFP