"Pas même une fourmi" ne pourrait tromper la garde rapprochée de Kim Jong Un

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in marchent ensemble dans le village frontalier de Panmunjom, dans la zone démilitarisée, le 27 avril 2018.

Quand le maître de Pyongyang a franchi la frontière intercoréenne vendredi, il était escorté par une phalange de gardes du corps soigneusement choisis pour leur forme physique, leur allure, leurs capacités de tireur d'élite ou leur maîtrise des arts martiaux.

Vêtus de costumes et de cravates à rayures bleues et blanches, ils serraient de près Kim Jong Un à son approche de la Ligne militaire de démarcation pour une poignée de main historique avec son homologue sud-coréen Moon Jae-in.

Et à l'issue de la session matinale de discussions, 12 gardes sont repartis en courant en formation très serrée autour de la voiture officielle qui emmenait M. Kim au Nord.

Cravate au vent, ils formaient un bouclier humain autour de la Mercedes noire sans plaques d'immatriculation. Cinq de chaque côté et deux derrière, tous le visage impassible.

La société nord-coréenne est l'une des plus étroitement contrôlées du monde. Mais s'agissant de la sécurité du dirigeant de la Corée du Nord, absolument rien n'est laissé au hasard.

Les étrangers qui assistent aux événements auxquels M. Kim est présent doivent endurer au préalable des heures de procédures de sécurité. Ils doivent remettre tous leurs engins électroniques, y compris leur téléphone.

Le Commandement de la garde, l'unité militaire chargée d'assurer la sécurité des hauts cadres du régime est une institution d'élite proche du coeur du pouvoir. Elle fournit toujours les pièces maîtresses des festivals annuels des fleurs kimjongilia et kimilsungia, qui honorent la mémoire des père et grand-père de M. Kim.

Ri Yong Guk, un transfuge du Nord qui avait fait partie de la garde rapprochée de Kim Jong Il, écrivit en 2013 dans ses mémoires que le dirigeant nord-coréen était protégé par au moins six niveaux différents de sécurité lors de ses visites de terrain pour inspecter unités militaires, usines ou exploitations agricoles.

"C'est l'un des boucliers les plus protecteurs du monde, au travers duquel pas même une fourmi ne pourrait passer", disait-il.

D'après la presse, les mesures de sécurité se sont encore renforcées sous le dirigeant actuel. Durant un défilé militaire marquant le 70ème anniversaire de la création de ses forces armées régulières en février, Pyongyang a fait étalage de trois sortes d'unités de sécurité chargées de protéger la vie de Kim Jong Un.

On a vu souvent un général corpulent accompagner le leader, équipé d'une arme à feu dans son étui.

Lorsque la soeur de M. Kim, Kim Yo Jong, fut dépêchée au Sud pour les jeux Olympiques d'hiver, on a pu voir également quel niveau de protection entourait la famille régnante à Pyongyang.

Yo Young était accompagnée par des gardes du corps à la stature imposante, cheveux ras, lunettes de soleil et oreillettes.

L'ancien président Bill Clinton décrivit une fois la Zone démilitarisée qui divise la péninsule (DMZ) comme "l'un des endroits les plus effrayants au monde".

Secret de polichinelle

Malgré son nom, la frontière figure parmi les plus militarisée de la planète.

Située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Séoul, la DMZ mesure quatre kilomètres de large et traverse la péninsule sur 250 kilomètres. Elle est hérissée de champs de mines, de clôtures électriques et de barrières antichars.

Dans la zone de sécurité conjointe de Panmunjom, village de la DMZ où fut signé l'armistice de la guerre de Corée en 1953, les deux parties, toujours techniquement en guerre, se font face. Des gardes sud-coréens à l'allure sévère, également choisis pour leur stature et leur allure avenante, se tiennent immobiles à quelques mètres seulement des positions nord-coréennes.

Les soldats sont uniquement autorisés dans cette zone à porter des armes de poing. Mais le fait que les deux parties disposent de stocks d'armes plus impressionnantes cachées non loin pour les cas d'urgence est un secret de polichinelle.

En novembre, un soldat nord-coréen a fait défection sous une pluie de balles tirées par ses camarades.

Plus loin de nous, en 1984, un touriste soviétique de 22 ans s'échappa du Nord pour gagner le Sud à Panmunjom. L'incident avait déclenché une fusillade dans laquelle trois poursuivants nord-coréens furent tués, de même qu'un soldat sud-coréen. Le transfuge, Vasily Matuzok, s'en sortit indemne.

Avec AFP