Passé esclavagiste ou colonial: San Francisco débaptise 44 écoles

Entrée du lycée Abraham Lincoln à San Francisco, le 12 mars 2020. (photo d'archive)

Les présidents George Washington et Abraham Lincoln ou le missionnaire espagnol Junipero Serra ne sont plus en odeur de sainteté à San Francisco:

le conseil des écoles de la ville a décidé de débaptiser 44 établissements portant le nom de personnalités selon lui associées au racisme, à l'esclavage ou à la colonisation.

Cette mesure, qui a suscité une vive controverse localement, remonte à la création d'une commission chargée de réviser les noms des écoles publiques en mai 2018, avant que des statues de Christophe Colomb et des monuments confédérés ne soient mis à bas par des manifestants dans la foulée des rassemblements dénonçant le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd.

La commission en question a produit une liste de 44 établissements à rebaptiser. Parmi eux figurent des écoles aux noms des présidents Washington et Jefferson, qui possédaient tous deux des esclaves, tout comme Francis Scott Key, l'auteur de l'hymne national américain.

Plus surprenant, Abraham Lincoln, pourtant symbole de l'abolition de l'esclavage dans le pays, est aussi visé car il est accusé par certains d'avoir joué un rôle dans le massacre de tribus amérindiennes.

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, 87 ans, se retrouve sur la liste adoptée par six voix contre une: la commission lui reproche d'avoir fait remettre un drapeau confédéré qui faisait partie d'une vingtaine d'autres étendards flottant traditionnellement devant l'hôtel de ville et qui avait été vandalisé lorsqu'elle était maire de San Francisco, en 1986.

Le drapeau sudiste est devenu désormais un symbole des discriminations raciales et de ceux qui prônent la suprématie de la "race blanche".

La décision de rebaptiser ces écoles a provoqué de nombreuses critiques, parmi lesquelles l'actuelle maire de San Francisco, London Breed, qui est noire. En octobre dernier, Mme Breed avait jugé "insultant" pour les parents d'enfants privés d'écoles à cause de la pandémie que les autorités scolaires consacrent leur énergie à changer le nom des établissements plutôt que de les rouvrir.