Paul Biya sanctionne un général au front en zone anglophone

Le président camerounais Paul Biya lors d'un sommet UE-Afrique, à Bruxelles, le 3 avril 2014.

Au Cameroun, le général de brigade Melingui Nouma Donatien, au front dans une région anglophone, a été remplacé par décret présidentiel.

Il va officier désormais comme inspecteur des forces à l’état-major de l’armée, ce qui apparaît clairement comme une perte de confiance du président camerounais vis-à-vis de l’officier supérieur.

"Le président de la République a remplacé un général de brigade par un colonel, c’est suffisant pour comprendre que la sanction est réelle, au-delà de la recherche de l’efficacité sur le terrain", commente une source anonyme de sécurité camerounaise à VOA Afrique.

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Le colonel David Jotsa a pris la relève du général Melingui comme commandant de la 21e brigade d’infanterie motorisée, qui renvoie sur le plan militaire, à la région du sud-ouest, en zone anglophone.

Dans la même veine, un autre chef d’état-major des forces de l’armée de terre, dans la région du sud-ouest à été également désigné là encore. Paul Biya a promu un colonel, Ngué Mongo II Blaise Moseley.

Jadis homme de confiance

L’ancien commandant des troupes au front au sud-ouest, le général Melingui Nouma, bénéficiait pourtant de la haute confiance du président Paul Biya.

Promu général de brigade, le 29 juin 2017, il avait aussitôt affecté pour gérer les opérations militaires dans la région du sud-ouest, alors en proie à des velléités sécessionnistes.

Mais ces derniers mois, sous son commandement, les militaires camerounais ont fait l’objet d’attaques répétées des hommes armés, et de graves accusations des organisations de la société civile ou des droits de l’homme.

L’armée brûle les maisons

L’avocat anglophone, Agbor Balla, a décrié le mois dernier, "la pyromanie des militaires camerounais dans certains villages du sud-ouest".

Mais la plus vive polémique sous le commandement du général Melingui Nouma reste ses propos qui reconnaissaient les dérives militaires dans le sud-ouest du Cameroun.

"Nous ne brûlons que les maisons où on découvre des armes", avait-il avoué à l’AFP.

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Une déclaration qui contredit la position du gouvernement qui, auparavant, avait rejeté les accusations des ONG de défense des droits de l’homme et des séparatistes.

Le général de brigade avait en outre attribué une meilleure connaissance du terrain aux hommes armés qui terrorisent les populations.

Fin avril une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. On y aperçoit des hommes en treillis militaire de l’armée camerounaise en train d’incendier des maisons d’un village. La vidéo n’a pas été authentifiée. Et l’armée camerounaise n’a pas souhaité faire de commentaires à propos.

Le général relevé au front, à quelques jours de la célébration de la fête nationale du Cameroun, avait auparavant occupé les fonctions de chef de groupement de protection à la direction de la sécurité présidentielle, puis commandant de la très stratégique brigade du quartier général à Yaoundé, en 2013 et 2016.