Avec ce jeune père de trois enfants, les républicains choisissent un porte-parole télégénique, bien qu'au débit un peu mécanique, mais aussi un idéologue influencé par les penseurs néoclassiques et libertaires, convaincu de l'extravagance de l'Etat fédéral moderne et déterminé à réduire les dépenses et éliminer le déficit.
"Notre combat, ne vous y trompez pas, est un combat entre l'individualisme et le collectivisme", dit-il en 2005 dans un discours à des fans de l'écrivain Ayn Rand, héroïne des libertaires, selon le New Yorker.
La radicalité de ses propositions a dérangé y compris au sein de son parti, notamment la privatisation du système public de retraite et de celui de l'assurance-maladie pour les plus de 65 ans, des vaches sacrées américaines.
Mais en dix ans, Paul Ryan s'est progressivement imposé comme le Monsieur Budget des républicains -- le Monsieur Austérité aussi, disent les démocrates.
Et c'est lui que Mitt Romney, candidat républicain à la Maison Blanche en 2012, choisit comme colistier. "Avec son énergie et sa vision, Paul Ryan est devenu un leader intellectuel du parti républicain", dit-il alors.
Paul Ryan est né le 26 janvier 1970 à Janesville, petite cité du Wisconsin où les Ryan, d'origine catholique irlandaise, sont installés depuis quelques générations.
Il vit encore aujourd'hui dans le quartier où il a grandi, et entend continuer à revenir chaque week-end de Washington pour retrouver sa femme Janna, leur fille et leurs deux fils.
Au lycée, il est élu président de sa promotion, son premier mandat. Il entre en 1988 à l'université Miami dans l'Ohio où, selon la légende, il se passionne pour la science économique. De 1992 à 1997, il travaille pour un sénateur républicain à Washington puis l'organisation fondée par l'influent conservateur Jack Kemp, Empower America, qui le prend sous son aile.
Paul Ryan revient dans son Wisconsin natal où il est élu facilement à la Chambre des représentants, en 1998. Il n'a que 28 ans. Il a depuis été réélu huit fois.
S'il se fait une réputation dans les cercles conservateurs durant la fin des années Bush, le grand public le découvre lorsque Mitt Romney le sélectionne à l'été 2012. Il est alors président de la commission du Budget de la Chambre, et avait donné la réponse officielle du parti au discours sur l'état de l'Union de Barack Obama en janvier 2011, juste après la reconquête républicaine à la Chambre.
Sa musculature passionne les médias: Paul Ryan est un fanatique du programme de musculation P90X. Ses biceps proéminents en témoignent quand l'élu fait campagne pour le très sage grand-père Romney.
L'élu affirme que ses plaisirs sont simples: sa famille d'abord, qu'il implique dans son autre passion de jeunesse, la chasse. Il y initie dès 10 ans sa fille, à qui il a acheté sa première Winchester pour Noël 2012.
Sur les questions de sociétés comme l'avortement ou le mariage homosexuel, il est dans l'orthodoxie conservatrice, fermement opposé.
Son défi, à la tête du tumultueux groupe républicain, sera au cours des 15 prochains mois, jusqu'aux élections de novembre 2016, de passer de l'homme d'idées à l'homme d'actions, capable de réconcilier les deux ailes du parti républicain, les modérés et les intransigeants du Tea Party, afin de faire de la Chambre une vitrine électorale.
Paul Ryan a dit publiquement hésiter avant d'accepter cette mission pleine de chausse-trappes, qui risquerait d'entacher sa pure réputation. Ce qui l'a décidé, selon lui, est d'imaginer ses enfants lui demandant, plus tard: "Pourquoi ne t'es-tu pas battu pour mon avenir quand tu en as eu l'occasion?"
"Personne ne veut avoir à répondre à cette question", a justifié Paul Ryan la semaine dernière.
Avec AFP