Quelques heures après la publication mardi par l'administration Trump d'une liste provisoire de produits importés susceptibles d'être soumis à de nouveaux droits de douane, Pékin a répliqué avec sa propre liste visant des importations du même montant annuel: 50 milliards de dollars.
Il s'agit d'une nette escalade vers une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, laquelle avait pris soin jusqu'à présent de ne pas viser des importations majeures comme le soja et les automobiles.
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Le président américain Donald Trump a dénoncé dans la foulée sur Twitter l'immobilisme supposé de ses prédécesseurs face au déficit commercial avec Pékin et au "vol" de propriété intellectuelle par la Chine.
"Nous ne sommes pas dans une guerre commerciale avec la Chine, cette guerre a été perdue il y a de nombreuses années par des personnes stupides ou incompétentes, des personnes représentant les Etats-Unis", a-t-il estimé.
Pas moins de 106 familles de produits américains devraient être frappées de droits de douane de 25%, parmi lesquels automobiles -- dont plusieurs types de 4X4 --, produits chimiques, whisky, cigarettes, soja et avions de moins de 45 tonnes, ce qui exclut a priori le géant Boeing des mesures de rétorsion chinoises.
Le ministère chinois du Commerce a précisé que la date de l'entrée en vigueur de ces mesures serait annoncée ultérieurement.
Le soja ciblé
En ce qui concerne le soja, l'enjeu est de taille: la Chine a acheté en 2017 pour 14 milliards de dollars de soja américain. C'est, en montant, le premier produit que le pays asiatique importe des Etats-Unis et le tiers des exportations américaines de soja.
Mardi, Washington a publié une liste provisoire de produits chinois visés dans différents secteurs dont l'aéronautique, les technologies de l'information et de la communication ou encore la robotique.
La liste provisoire identifie quelque 1.300 biens mais reste soumise à un processus d'examen d'au moins 30 jours avant la publication d'une liste définitive.
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Au total, le montant cumulé des produits visés par les deux pays atteint désormais les 100 milliards de dollars, soit environ 17% des 580 milliards d'échanges commerciaux bilatéraux enregistrés en 2017.
Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a indiqué mercredi que la Chine restait ouverte au dialogue mais que "les occasions de consultation et de négociation ont été manquées à maintes reprises par les Etats-Unis".
"Toute tentative de mettre la Chine à genoux par la menace et l'intimidation sont vouées à l'échec", a-t-il averti lors d'un point presse régulier.
Le ministère chinois du Commerce a par ailleurs annoncé mercredi que Pékin a déclenché la procédure des règlements des différends de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dénonçant la "flagrante violation des règles" de l'OMC par Washington.
Donald Trump avait évoqué en mars des mesures punitives contre des importations chinoises afin de mettre un terme à ce qu'il affirme être la concurrence "déloyale" de Pékin et le "vol" de propriété intellectuelle.
'C'est impossible'
Les Etats-Unis s'inquiètent notamment du système de coentreprises imposé par Pékin aux entreprises américaines: en contrepartie d'un accès au marché chinois, elles sont obligées de partager avec des partenaires locaux une partie de leur savoir-faire technologique.
L'offensive commerciale entre Washington et Pékin était déjà montée d'un cran plus tôt cette semaine.
La Chine avait annoncé lundi avoir pris des mesures de rétorsion contre 128 produits américains dont des fruits et la viande de porc représentant quelque 3 milliards de dollars. Elles répondaient à l'imposition le 8 mars de taxes américaines de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium.
M. Trump fait régulièrement du colossal déficit commercial américain (375,2 milliards de dollars en 2017) avec la Chine un cheval de bataille. Il a exhorté les responsables chinois "à réduire, immédiatement, ce déficit de 100 milliards de dollars".
La Chine "ne peut accepter cela. En premier lieu car c'est impossible à réaliser", a répliqué mercredi le vice-ministre chinois du Commerce, Wang Shouwen, lors d'une conférence de presse.
Avec AFP