Les sénateurs ont voté à l'unanimité des 67 présents (sur 72) en faveur des perquisitions, qui pourraient intervenir dès jeudi, y compris Cristina Kirchner, qui siège au Sénat depuis 2017. Principale figure de l'opposition au président Mauricio Macri, elle y voit une "persécution politique".
Mme Kirchner, au pouvoir de 2007 à 2015, bénéficie d'une immunité parlementaire qui l'empêche d'être emprisonnée ou perquisitionnée mais pas d'être entendue par le juge, mise en examen ou jugée.
La justice pourra donc mener des perquisitions dans ses trois propriétés, une à Buenos Aires et deux en Patagonie.
L'avocat de Mme Kirchner a dénoncé un "show médiatique".
Pour le sénateur UCR (Union civique radicale, coalition gouvernementale) Eduardo Costa il faut "donner à la justice la capacité d'avancer dans l'élucidation des faits". Il a également plaidé pour l'adoption d'un projet de loi actuellement en discussion au parlement, qui prévoit l'expropriation des biens indûment acquis.
Le 13 juin, l'ex-dirigeante aujourd'hui âgée de 65 ans a déjà été convoquée par le juge Claudio Bonadio, qui mène cette enquête, mais a refusé de répondre à ses questions, se contentant de lui remettre une déclaration écrite dans laquelle elle a demandé sa révocation et la nullité de la procédure.
L'affaire des "Cahiers de la corruption" a été révélée le 1er août, date de la publication du contenu de plusieurs cahiers d'écolier, où Oscar Centeno, le chauffeur du vice-ministre de la Planification (Travaux publics) Roberto Baratta, notait méticuleusement la date, l'heure, le lieu des remises de sacs d'argent.
Les pots-de-vin versés par des entreprises du secteur du bâtiment et des travaux publics étaient acheminés au domicile de ministres du gouvernement Kirchner, dans un appartement du couple Kirchner ou à la résidence présidentielle d'Olivos, près de Buenos Aires.
Depuis, une vingtaine de patrons de grandes entreprises du bâtiment et de travaux publics (BTP) ont été convoqués par le juge Bonadio. La plupart d'entre eux ont reconnu les faits, accepté de collaborer avec la justice pour ainsi ressortir libre du bureau du juge, avec le statut de repenti. Les autres ont été placés en détention préventive.
- "Rendez l'argent !" -
Plusieurs membres du gouvernement ou du clan Kirchner ont été emprisonnés mais c'est la première fois que des chefs d'entreprises influents, dont un cousin de l'actuel président Mauricio Macri, tombent pour avoir versé de l'argent à des politiciens, le le procureur Carlos Stornelli évoquant 160 millions de dollars de pots-de-vin.
Mardi soir, à la sortie du travail, des dizaines de milliers d'Argentins se sont massés devant le parlement à Buenos Aires pour réclamer la levée de l'immunité parlementaire. "Cristina en prison!", "Qu'ils rendent l'argent", scandaient les manifestants.
Sur une pancarte on pouvait lire "La prison pour la reine de la mafia" ornant un photomontage de l'ex-dirigeante de gauche derrière des barreaux.
"Nous venons demander la levée de l'immunité de Cristina (Kirchner). Que tous ceux qui ont volé soient sanctionnés", a témoigné Alicia Bernal, une des manifestantes qui avait bravé le froid de l'hiver austral pour exprimer son rejet de la corruption.
"Que tous ceux qui sont coupables de corruption aillent en prison, c'est la seule solution pour que la population commence à croire en la justice et dans ses politiciens", a exigé Juan Romero, las de l'impunité.
Avec AFP