Le pays doit organiser cinq scrutins en 2018, mais le niveau d'inscription sur les listes électorales ne connaît pas une croissance exponentielle.
Pour le moment, certains responsables des formations politiques - du parti au pouvoir et de l'opposition - ne souhaitent pas commenter la publication du nouveau fichier électoral 2017 d'Elections Cameroon (Elecam).
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"6,5 millions cartes d'électeurs ont été produites depuis le début de la refonte biométrique des listes électorales au Cameroun. 95, 92% desdites cartes ont été remises aux propriétaires", a déclaré Abdoulaye Babale, directeur général d'Elecam dans un communiqué de presse publié le 5 septembre dernier.
À l'instar de la société civile camerounaise, ces chiffres ne laissent pas indifférents les autres acteurs du processus électoral. Convaincu que la masse électorale est l'un des facteurs du changement politique, le mouvement de la société civile, "les Souverains", a sillonné de nombreuses régions du Cameroun, incitant les populations à se faire inscrire sur les listes électorales.
"6,5 millions électeurs inscrits au 31 août 2017, c'est parce que les Camerounais sont réticents à se faire inscrire sur les listes électorales", soutient Marie-Jeanne Abega, présidente nationale des femmes du mouvement "les "Souverrains".
Au cours de cette année, elle dit avoir parcouru les zones rurales du département de la Lekié, dans la région du centre. Les chiffres d'Elecam ne la surprennent guère.
"Pour les Camerounais, peu importe d'être inscrits ou pas, les résultats sont connus d'avance", explique-t-elle.
"Le processus électoral a quelques incohérences: Elecam ne publie pas les résultats des scrutins, a majorité pénale au Cameroun est à 18 ans, mais pour voter, il faut avoir 20 ans, donc une masse électorale est exclue", ajoute Marie Jeanne Abega.
Entre mai et août 2017, l'opération "11 millions d'inscrits", dirigée par un jeune Camerounais de 39 ans, Cabral Libih, a nourri beaucoup d'espoir et suscité un engouement auprès des jeunes à se faire enrôler sur les listes électorales.
"Le gap entre les prétentions de 'l'opération 11 millions d'inscrits' et les chiffres d'Elecam provient du fait que les kits pour les inscriptions des électeurs n'ont pas été disponibles partout", analyse Armand Okol, coordonnateur du Pool Actions de terrain, de "l'opération 11 millions d'inscrits".
"Dans l'arrière pays, plusieurs personnes n'ont pas de cartes nationales d'identité et ne peuvent donc pas s'inscrire. Malgré l'intérêt pour notre opération, nous n'avons pas atteindre notre objectif en 2017", souligne-t-il.
Selon les statistiques d'Elecam, les Camerounais de sexe masculin se sont plus mobilisés au cours de cette année pour s'inscrire sur les listes électorales par rapport aux femmes.
La région de l'Extrême-Nord, qui vote généralement le parti au pouvoir, reste en tête des inscriptions sur les listes électorales avec plus d'un million d'électeurs. Le Sud-Ouest, en zone anglophone, ferme la queue du classement.
Joint au téléphone par VOA Afrique, le docteur Hilaire Kamga, de Mandela Center pour la démocratie prédit "un hold-up électoral".
Il s'explique qu'"en 2016, Elecam a dit qu'il y avait sept millions d'inscrits sur les listes électorales. En 2017, la même structure avance le chiffre de 6 500 000 et prétend avoir enrôlé 403 069 nouveaux électeurs. C'est incohérent. C'est pour cela que je parle d'un hold-up électoral en vue".
La Direction générale d'Elecam n'a pas souhaité en dire plus au sujet de ses méthodes de travail au-delà du communiqué rendu public.
"L'heure est au nettoyage du fichier électoral et non aux commentaires", a déclaré une source sous anonymat. À noter, Elections Cameroon a connu des tensions de trésorerie cette année.
Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé