A partir de midi (17H00 GMT), les avocats du 45e président des Etats-Unis, Donald Trump, tenteront de démonter l'argumentaire des procureurs démocrates qui, pendant deux jours, sont revenus sur l'attaque sanglante du 6 janvier dans un exposé implacable, truffé de vidéos choc.
"Le président est très optimiste", a affirmé jeudi sur Fox News l'un de ses avocats, David Schoen, en promettant un court exposé, de moins de quatre heures, devant les cent sénateurs, juges, jurés, et témoins de ce procès historique.
"Comme je le disais depuis le début de ce truc, ce procès n'aurait jamais dû arriver et s'il devait se produire, il devrait être aussi court que possible, compte tenu de l'absence totale de preuves", a-il asséné.
Le ton est donné.
Non seulement la défense rejette en bloc toute responsabilité de son client dans l'assaut donné par des centaines de ses partisans à la fin de son grand discours, le 6 janvier. Mais elle estime en outre que la procédure en destitution dans son ensemble n'est pas conforme à la Constitution, puisqu'il n'est plus président.
L'émotion provoquée jusque dans les rangs des républicains par les dures images de l'assaut? "C'est ce qui arrive quand on fait appel à un studio de cinéma", a rétorqué David Schoen. "Ils n'ont absolument pas relié Donald Trump à tout ça".
"Récidive"
Pour les procureurs démocrates, au contraire, le milliardaire républicain "savait à quel point la situation était explosive" lorsqu'il alimentait la colère de ses partisans, en criant, sans apporter de preuves, aux "fraudes massives" pendant des mois, avant et après l'élection présidentielle contre Joe Biden.
"Il a allumé la mèche et l'a lancée directement vers cette enceinte, vers nous", a dénoncé l'un des procureurs démocrates, Joe Neguse.
Au moment où le Congrès certifiait la victoire de son rival Biden, le 6 janvier, Donald Trump a appelé ses partisans à marcher sur le Capitole. "Battez-vous comme des diables", leur a-t-il lancé.
L'attaque sanglante fut "l'apogée des actions du président, pas une anomalie", a renchéri Jamie Raskin, qui dirige l'équipe d'élus de la Chambre des représentants chargée de porter l'accusation.
"Qui, dans cette chambre, peut croire qu'il arrêtera d'inciter à la violence pour parvenir à ses fins, s'il est autorisé à revenir dans le Bureau ovale?", a-t-il insisté.
C'est en brandissant cette crainte d'une récidive que les procureurs ont appelé les sénateurs à condamner Donald Trump, car ce verdict serait immédiatement suivi d'un vote pour le rendre inéligible.
Lire aussi : Flop total de l'un des avocats de TrumpDes policiers hurlant de douleur, des élus terrifiés, des assaillants menaçants: mêlant des extraits de caméra de surveillance, parfois inédits, aux vidéos mises en ligne par les émeutiers, l'accusation a rappelé aux sénateurs qu'ils avaient eux-mêmes échappé de peu "au pire".
Et que les séquelles restaient visibles au Capitole, toujours sous haute sécurité, gardés par des militaires de la Garde nationale. Du jamais vu.
Resté jusque-là en retrait, Joe Biden a voulu croire jeudi que le procès pourrait faire bouger les lignes. Sa porte-parole Jen Psaki s'est empressée de préciser qu'il ne s'agissait pas d'une certitude mais d'un reflet des émotions du président démocrate, "touché" par les vidéos.
Verdict rapide attendu
L'ancien magnat de l'immobilier reste toutefois très populaire dans son parti et il est très peu probable que 17 sénateurs républicains acceptent de voter avec les 50 sénateurs démocrates pour former la majorité nécessaire à sa condamnation.
Installé en Floride, il a refusé de témoigner. Mais sa voix n'a cessé de retentir dans l'hémicycle de la chambre haute du Congrès, où ses accusateurs ont projeté de nombreux extraits de ses discours, et reproduit ses tweets incendiaires.
Après l'échec de ses plaintes en justice et de ses multiples pressions sur les agents électoraux des Etats-clés, "le président Trump s'est retrouvé à court d'options non violentes pour se maintenir au pouvoir", a estimé l'élu Ted Lieu.
Quand ils se sont lancés à l'assaut du Capitole, "ils pensaient suivre les ordres de leur commandant-en-chef", a souligné l'élue Diana DeGette, en citant les propos tenus devant la justice par les dizaines de personnes inculpées.
Après les arguments de la défense, ce sera au tour des sénateurs de poser par écrit leurs questions aux deux partis.
Le rythme du procès s'est accéléré, au point que David Schoen avançait jeudi qu'un verdict pourrait être rendu avant lundi.