"Capsule" : c'est le nom du projet de cet habitat sous-marin, partie intégrante de la 3e expédition 'Under the Pole' de ces deux passionnés de mer et de plongée. A bord de leur bateau Why, ils quitteront samedi, et pour 3 ans, le port de Concarneau (Finistère) pour leur terrain de jeu, la zone mésophotique, qui se situe après la surface et avant le noir absolu, soit entre 60 et 200 m de profondeur.
"Vivre sous la mer est un vieux rêve et on essaie d'avoir une approche poétique mais aussi rationnelle. Ca fait un an qu'on a lancé ça. On nous a dit qu'on délirait un peu et finalement aujourd'hui c'est un projet qui passionne dans le milieu, même si peu de monde est au courant", raconte à l'AFP Ghislain Bardout.
L'ancien bras droit de l'explorateur Jean-Louis Etienne n'a qu'une envie : étudier le fond des mers sans limite de temps, ce qui serait "révolutionnaire en soi".
Capsule expérimentale
"On s'est demandé quel système développer pour rester 2 jours, 4 jours sous l'eau avec un confort suffisant qui permettrait de répéter ces programmes pour que ce ne soit pas juste un record. On a travaillé sur cet habitat sous-marin. Là on part sur une structure rigide, un habitat rudimentaire qui permet à des équipes de plongeurs de rester très longtemps à 40 m de profondeur, de dormir, de manger, de se reposer et de pouvoir sortir travailler plusieurs jours avec des scaphandres recycleurs" qui ne font pas de bulles et sont pilotés par l'électronique, explique-t-il.
Le projet expérimental Capsule est l'un des 6 programmes auxquels vont s'atteler les Bardout, qui mettent leur expertise, leur bateau et leur matériel au service des scientifiques pour les soutenir dans leurs recherches.
Outre Capsule, il y aura un programme sur la physiologie, la bio fluorescence et la bioluminescence en arctique sous la direction du chercheur Marcel Koken (CNRS), un programme sur les écosystèmes profonds (les MCE, des coraux en eaux profondes) en Polynésie française chapeauté par Laetitia Hédouin, un programme sur les requins marteaux et bouledogues dirigé par Eric Clua du Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement, ainsi que deux programmes en Antartique.
"Faire rêver"
La goélette Why se rendra d'abord au Groenland puis en Alaska avant de se poser 15 mois dans le Pacifique puis de partir en Antartique pour un retour par l'Atlantique.
Une longue mission qui mêlera observation, prise d'images scientifiques sous différents points de vue, du comptage, de l'échantillonnage (cryogénisé puis envoyé en laboratoire). Un travail qui porte sur les domaines scientifique, documentaire (réalisation de photos et films de haute qualité), pédagogique (partenariat avec l'Éducation nationale), recherches et développement.
"Il se passe plein de choses dans cette zone mésophotique et c'est là où il y a un vide de connaissances. Ce sont des chances pour nous. Il y a pas mal de jeunes qui aiment l'exploration et qui se disent : tout a été fait, c'est chiant", souligne Emmanuelle Périé-Bardout, qui a grandi en rêvant de faire partie de l'équipe du commandant Cousteau.
Les deux explorateurs qui se sont rencontrés il y a 12 ans, iront à la découverte de ce monde marin à bord de leur propre bateau, dont ils ont fait l'acquisition en 2014 en hypothéquant leur maison, et avec leurs deux garçons, âgés de 5 et 1 an.
"Que ce soit l'espace ou le fond des mers, ce sont des milieux extrêmes pas faits pour l'homme mais on peut se faire une place. Ce sont des environnements prodigieusement inspirants. A l'origine de nos expéditions, il y a des rêves de gosses et aujourd'hui c'est notre tour de faire rêver, de partager", conclut Ghislain Bardout dont le plus âgé des fils est passionné... par les TGV !
Avec AFP