Plus de 2.260 migrants sont morts en tentant de traverser la Méditerranée l'an dernier

Des migrants dans un bateau de sauvetage espagnol, le 21 décembre 2018.

Des arrivées en baisse, mais plus de 2.260 morts: la Méditerranée est restée l'an dernier la voie maritime la plus meurtrière pour les migrants, selon le HCR qui a appelé les pays européens à "sortir de l'impasse".

Un total de 2.262 migrants sont "morts ou portés disparus" en tentant de traverser la Méditerranée en 2018, contre 3.139 l'année précédente, selon les chiffres publiés par le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) sur son site internet.

Du côté des arrivées, 113.482 personnes ont traversé la mer pour gagner les côtes des pays méditerranéens en 2018, en forte baisse par rapport à l'année précédente (172.301).

A ces chiffres, il faut ajouter quelque 6.700 personnes enregistrées dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla en territoire africain, mais qui n'ont pas traversé la mer: au total, 120.205 migrants sont donc arrivés en Europe l'an dernier.

Evolution des migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée depuis 2013 et arrivée de migrants par pays en 2018

Ces chiffres marquent une chute drastique par rapport au "pic" de 1,015 million d'arrivées en 2015, au coeur de la crise des réfugiés. Mais pour les décès, la baisse est moins marquée: il y avait alors eu près de 3.800 morts.

En proportion, la mortalité a d'ailleurs un peu augmenté en 2018 par rapport à l'année précédente.

"La Méditerranée est depuis plusieurs années la voie maritime la plus meurtrière au monde pour les réfugiés et les migrants, avec un taux de mortalité qui a fortement augmenté", s'est inquiétée la porte-parole du HCR en France, Céline Schmitt, dans une déclaration à l'AFP.

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"En 2019, il est essentiel de sortir de l'impasse actuelle et de mettre fin à des approches au cas par cas, c’est-à-dire bateau par bateau, pour savoir où débarquer les passagers secourus", a-t-elle ajouté, en plaidant pour un "mécanisme régional de débarquement".

L'année 2018 a été marquée par une crise diplomatique entre pays européens autour de l'accueil des réfugiés, notamment après que le gouvernement italien, au fort discours anti-migrants, a fermé les ports aux bateaux humanitaires cet été.

L'Espagne en première ligne

Alors que la voie principale de migration passait jusque là par la Libye et l'Italie, l'Espagne est ainsi redevenue l'an dernier la première porte d'entrée en Europe, avec 55.756 arrivées par la mer (contre 22.103 en 2017).

Cette tendance pourrait se poursuivre puisque les garde-côtes espagnols ont indiqué mercredi avoir porté secours à 401 migrants au cours des deux premiers jours de 2019.

De son côté, l'Italie a enregistré 23.371 arrivées, en chute libre par rapport à 2017 (119.369), et la Grèce 32.497.

En 2018, le premier pays d'origine des migrants était la Guinée (13.068 personnes), suivi du Maroc (12.745) et du Mali (10.347). La Syrie n'était que le quatrième pays d'origine des arrivants, suivie de l'Afghanistan et de l'Irak.

Autre conséquence, plusieurs navires humanitaires ont été contraints d'errer en Méditerranée depuis l'été, faute de savoir où accoster. Chaque situation s'était débloquée avec un accord trouvé dans l'urgence entre pays européens pour la répartition des réfugiés.

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En ce début 2019, deux navires d'ONG allemandes transportant 49 migrants ont reçu l'autorisation de s'"abriter" dans les eaux maltaises. Les Pays-Bas se sont dits prêts à accueillir une partie d'entre eux, "à condition que d'autres pays européens fassent de même".

Mais les navires humanitaires, qui dénoncent des entraves croissantes à leur action, sont de moins en moins nombreux: début décembre, Médecins sans frontières (MSF) et SOS Méditerranée ont dû mettre un terme aux opérations de leur bateau l'Aquarius.

MSF avait alors pointé la responsabilité des gouvernements européens dans les décès en Méditerranée, "en soutenant les garde-côtes libyens pour intercepter les personnes en mer".

Au large de la Libye, une vaste zone est aujourd'hui placée sous la responsabilité de garde-côtes libyens, dont le niveau de formation et d'équipement est régulièrement dénoncé côté ONG.

"Nous réitérons notre appel à la communauté internationale pour qu’elle lutte contre les causes profondes des déplacements et les facteurs qui forcent les gens à entreprendre des voyages de plus en plus dangereux et périlleux", a rappelé Mme Schmitt.