Les Tchadiens entre colère et stupeur après une attaque de Boko Haram dans la province du Lac

Me Max Loalngar au en milieux en t-shirt noir entouré des autres leaders de Wakit Tama, au Tchad, le 9 août 2021. (VOA/André Kodmadjingar)

Plus de 20 des soldats tués, une dizaine de blessés et plusieurs portés disparus, c’est le bilan de l’attaque de la position de l’armée de retour d’une patrouille mercredi dernier sur l’île de Tchoukou Telia dans la province du Lac.

En Mars 2020, le défunt président Deby avait affirmé à l'issue de l'opération "colère de Bohoma" qu’il avait lui-même dirigée, que son armée avait anéanti toutes les capacités de nuisance de la secte Boko Haram. Aujourd’hui, cette attaque meurtrière plonge les Tchadiens dans une incertitude, estime Sosthène Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la Préservation des Libertés au Tchad.

"Aujourd’hui cette armée, au-delà de ce qu’on lui attribue comme exploits, a montré clairement sa limite et cela nous laisse pantois”, déplore le coordonnateur du MCPL, Sostène Mbernodji. "Il est inconcevable que les gens sont en train de dormir pendant que cette nébuleuse arrive et les frappe durement comme ça", dit-il.

Les manifestants du 07 août 2021 à N'Djamena, au Tchad. (VOA/André Kodmadjingar)

De nombreux Tchadiens se disent également surpris de voir les éléments des forces de défense et de sécurité dont la prouesse n’est pas à démontrer, être malmenés par cette secte.

"Ils sont sur un champ de guerre et doivent rester sur leur garde. Demain ça serait le tour de la population du Lac d’être attaquée parce qu’ils ont vu qu’il y a des failles à exploiter", a indiqué Bemadjibaye Ngarassal Jacques, coordonnateur de l’ONG "Tournons la Page" section du Tchad.

Pour le ministre en charge de la Défense, Daoud Yaya Brahim, la colonne qui a attaqué la position de l’armée tchadienne serait soutenue par une main invisible parce qu’ils ont changé leur mode opératoire et "donc ils ont reçu du soutien peut-être qu’on ne connaît pas encore". "Mais le moral est très haut et nous sommes en train de nous organiser pour les anéantir dans les jours à venir", a rassuré le ministre Daoud Yaya Brahim.

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C’est dans ces conditions d’insécurité que la marche pacifique autorisée de la coordination des actions citoyenne Wakit Tama contre la confiscation armée du pouvoir s’est déroulée ce week-end à N’Djamena et dans quelques provinces du Tchad sans incident majeur.

"Un pas, encore un pas et tenir, gagner chaque pas. Et comme dirait un comédien africain : petit à petit, l’oiseau ne dormirait pas dehors", s’exclame Maître Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tama.