L'armée israélienne a indiqué avoir frappé lundi 1.300 cibles du Hezbollah au Liban, où les échanges transfrontaliers avec le mouvement islamiste libanais ont gagné en intensité ces derniers jours. L'armée a touché "1.300 cibles du Hezbollah" lundi, a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d'un point presse. Et il a ajouté: "des journées complexes nous attendent".
Faisant craindre une spirale incontrôlable, cette escalade entre Israël et le puissant Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, suscite les vives inquiétudes de la communauté internationale. L'armée israélienne, qui pilonne le sud et l'est du pays voisin, a aussi annoncé une "frappe ciblée" à Beyrouth, visant, selon le Hezbollah, le commandant pour le front sud de cette formation, qui en a réchappé.
Le bilan humain n'a cessé de s'alourdir au fil des heures. Les frappes israéliennes ont fait 356 morts, parmi lesquels 24 enfants, et plus de 1.240 blessés, a annoncé le ministère libanais de la Santé dans un nouveau décompte en soirée. Dans une vidéo, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a recommandé en fin de journée aux Libanais de "s'éloigner des zones dangereuses" dans l'attente de la fin de "l'opération". Son homologue libanais, Najib Mikati, a dénoncé "un plan de destruction" de son pays, où les écoles resteront fermées mardi.
"Les frappes n'arrêtent pas"
"C'est une catastrophe, un massacre", affirme à l'AFP Jamal Badrane, un médecin de l'hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud. "Les frappes n'arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu'on retirait des blessés", dit-il. Fuyant dans la panique, des milliers de familles ont été déplacées des zones bombardées, selon le ministère de la Santé. Des déplacés du sud affluaient dans la soirée dans la capitale et à Saïda, accueillis dans des structures d'accueil, ont constaté des photographes de l'AFP.
L'armée israélienne a indiqué dans la soirée avoir frappé ces dernières 24 heures 1.300 cibles du Hezbollah, qui tire des roquettes depuis près d'un an vers le territoire israélien en soutien au Hamas palestinien, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza. "Nous visons essentiellement les infrastructures de combat", a déclaré le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, ajoutant que l'armée "se préparait pour les prochaines phases" de l'opération.
M. Netanyahu a affirmé qu'Israël était en train d'inverser le "rapport de forces" dans le nord du pays, où il est déterminé à permettre le retour des dizaines de milliers d'habitants déplacés, lors d'une rencontre sécuritaire à Tel-Aviv, selon son bureau. L'armée a annoncé de nouvelles frappes "de grande envergure" sur la vallée de la Békaa, un bastion du Hezbollah dans l'est du Liban, dont les habitants, comme ceux du sud, ont été appelés à s'éloigner des entrepôts d'armes du mouvement islamiste.
Le Hezbollah a de son côté affirmé avoir riposté avec des dizaines de roquettes tirées dans le nord d'Israël, précisant avoir visé "les principaux entrepôts" de l'armée dans la zone, et une caserne militaire. En début de soirée, les sirènes d'alerte ont retenti à Haïfa, le grand port du nord d'Israël, dont les environs avaient été atteints dimanche pour la première fois par des tirs de roquettes. "Je n'ai pas peur pour moi mais pour mes trois enfants", témoigne Ofer Levy, un officier des douanes de 56 ans qui vit à Kiryat Motzkin, dans le nord d'Israël. "Aucun pays ne peut vivre comme ça".
La Turquie inquiète pour le région
La Turquie a accusé lundi Israël, par ses frappes militaires au Liban, d'être "entré dans une nouvelle phase" qui va "mener toute la région au chaos", après une intensification des frappes contre le Hezbollah. "Les attaques d'Israël au Liban marquent une nouvelle phase dans sa volonté de mener toute la région au chaos", a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. Le ministère libanais de la Santé a annoncé que 356 personnes, dont 24 enfants, avaient été tuées et plus de 1.240 blessées dans les frappes israéliennes sur le sud et l'est du Liban lundi, le plus lourd bilan en près d'un an de violences.
Lire aussi : Israël tue un chef militaire du Fatah au Liban, les espoirs d'une trêve s'amenuisent"Il est impératif que toutes les institutions chargées de maintenir la paix et la sécurité internationales, particulièrement le Conseil de sécurité des Nations unies, tout comme la communauté internationale, prennent sans délai les mesures nécessaires", a ajouté le ministère libanais des Affaires étrangères. "Les pays qui soutiennent Israël de manière inconditionnelle aident (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu à verser le sang pour servir ses intérêts politiques", a encore écrit le ministère turc.
"Guerre régionale globale"
L'Egypte a demandé lundi l'intervention du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à "la dangereuse escalade israélienne au Liban", mettant en garde contre le risque d'une "guerre régionale globale". L'Irak a dit vouloir une "réunion urgente" des pays arabes en marge de l'Assemblée générale de l'ONU pour "stopper" Israël, que la Turquie a accusé de vouloir "mener toute la région au chaos". Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a également accusé Israël, ennemi juré de Téhéran, de vouloir "élargir" le conflit.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a exprimé sa "grave préoccupation pour la sécurité des civils dans le sud du Liban". Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont "exhorté" leurs ressortissants à quitter le Liban et annoncé envoyer "un petit nombre" d'effectifs militaires supplémentaires au Moyen-Orient. Le président américain, Joe Biden, a réaffirmé lundi "travailler à une désescalade". Le nouveau chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot "se coordonnera" à New York avec ses principaux homologues "pour avancer résolument vers l'indispensable désescalade" au Liban, a indiqué son ministère. La Chine a appelé lundi ses ressortissants à quitter Israël "au plus vite" tandis que le Kremlin s'est dit très inquiet. Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est inquiété que le Liban devienne un "autre Gaza".