Rose Makandjo est une veuve, comme de nombreux Camerounais, elle dit avoir subi les conséquences de l’absentéisme prolongé du personnel de l’état aux postes de travail.
"Quand je suivais le dossier de pension de retraite de mon défunt mari, quand je suis arrivé, ceux qui étaient chargés pour me renseigner n’étaient pas à leur poste, j’étais obligée de rentrer et son dossier de pension avait trainé et chaque fois il y’avait toujours quelqu’un qui n’était pas à son poste", témoigne-t-elle.
Même si le dossier a abouti plus tard, « cette situation d’absentéisme bloque les gens, vous ne pouvez pas obtenir rapidement un service public », regrette-t-elle.
Notion du service public en question
Lors du conseil de cabinet du mois de juillet dernier, le premier ministre Joseph Dion Nguté a instruit la révocation de tout agent public absent de son poste pendant plus de 30 jours.
"Ce n’est pas une grande première, d’autres premiers ministres avant se sont alarmés au sujet de cette absence criarde et même le ministre de la fonction publique", réagit Christophe Elanga, un employé du secteur privé. "Dans des nations sérieuses, ce n’est pas au premier ministre de s’alarmer cela dénote du manque de sérieux, du manque de vision des serviteurs de notre nation", poursuit ce jeune cadre.
Précarité des agents publics
Pour l’opposition, le gouvernement paye par cette situation d’absentéisme, les conséquences d’une mauvaise politique de l’emploi et des conditions de travail du personnel de l’Etat. "Ventre affamé n’a point d’oreille. Si vous voulez avoir une vie décente, ce n’est pas en travaillant dans la fonction publique", ironise Louis marie Kakdeu, deuxième vice-président du Social Democratic Front (SDF).
Cet enseignant économiste rappelle qu’au "Cameroun, il est impossible de demander aux gens de se concentrer dans la précarité le niveau de salaire est très bas au Cameroun et ce salaire a été divisé par 3 il y’a 30 ans et le salaire a été plus ou moins gelé et les gens n’ont pas la capacité de se concentrer dans un seul bureau, les gens sont obligés de combiner plusieurs emplois pour s’en sortir aujourd’hui ce qu’on gagne à la fonction publique est minable".
Révocation ou licenciement
Le gouvernement entend passer désormais à l’application stricte des dispositions règlementaires contre le personnel de l’Etat en situation d’absence irrégulière. "30 jours d’absence irrégulière égalent licenciement ou révocation d’office c’est-à-dire que nous constatons l’absence au poste successivement pendant 30 jours, cet agent public peut être révoqué ou licencié et il existe d’autres mesures dans le code général du statut de la fonction publique", précise Joseph Anderson Le, ministre de la fonction publique.
Selon les statistiques du ministre de la fonction publique, sur 8766 cas d’absences irrégulières signalés 7133 fonctionnaires n’ont pas pu justifier leur absence mais continuent à émarger au budget de l’Etat.