Portugal: extradition imminente d'une ex-agente de la CIA vers l'Italie

Le drapeau portugais

Une ancienne agente de la CIA, condamnée par la justice italienne pour le rapt en 2003 d'un imam égyptien, a indiqué à l'AFP avoir été notifiée par la Cour d'appel de Lisbonne de son extradition imminente vers l'Italie.

"Cette décision était attendue. La procédure d'extradition devrait démarrer après le 3 janvier", a précisé cette ex-agente de 60 ans, Sabrina de Sousa, confirmant des informations publiées par l'hebdomadaire portugais Expresso.

Disposant de la double nationalité portugaise et américaine, Mme de Sousa avait été arrêtée en octobre 2015 à l'aéroport de Lisbonne dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen lancé par l'Italie.

La justice portugaise avait décidé en janvier son extradition, un jugement devenu effectif le 8 juin, mais la procédure avait été retardée en raison d'une série de recours introduits par l'avocat de l'ancienne agente.

L'imam Abou Omar avait été enlevé à Milan le 17 février 2003 au cours d'une opération coordonnée entre les services secrets italiens et la CIA, puis transféré en Egypte où il avait été torturé, selon ses avocats.

En septembre 2012, la Cour de cassation italienne avait confirmé des peines allant de sept à neuf ans de prison pour un militaire américain et 22 agents de la CIA, dont Mme de Sousa, qui a vu ultérieurement sa peine réduite à quatre ans.

Hautement symbolique, ce procès était le premier en Europe sur les transfèrements secrets par la CIA de suspects vers des pays connus pour pratiquer la torture, après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

"Je suis très déçue d'avoir servi le gouvernement américain de bonne foi et d'avoir désormais peu d'options après avoir été exclue d'une grâce" concédée en 2013 et 2015 par la présidence italienne à d'autres agents incriminés, "sous l'impulsion des Etats-Unis", a-t-elle commenté à l'AFP.

Si elle reconnaît avoir servi d'interprète à l'équipe de la CIA qui a organisé l'enlèvement, elle nie toute implication directe dans l'opération.

Une lettre adressée à Lisbonne par Rome en septembre rejette le principe d'un nouveau procès, pourtant une condition de la justice portugaise à l'extradition de Mme de Sousa.
Avec AFP