Le dernier passage de Leicester en Thaïlande, le pays de son propriétaire, s'était achevé par un scandale sexuel impliquant trois joueurs. Mais ce fiasco médiatique a finalement marqué un tournant décisif pour l'accession au titre de champion de Premier League.
Coté à 5.000 contre 1 en début de saison, Leicester est devenu lundi l'un des plus improbables champions d'Angleterre de tous les temps.
Un conte de fées bien loin de l'ambiance sulfureuse et glauque de son dernier voyage au pays du sourire, au printemps 2015: présenté comme un séjour de détente après une folle fin de saison pour éviter la relégation, il s'était achevé dans la plus grande confusion.
Fin mai 2015, un tabloïd anglais fait ses choux gras d'une vidéo prise par trois joueurs de Leicester, dont James Pearson, le fils de l'entraîneur de l'époque, Nigel Pearson. Sur cette sex-tape, les joueurs filment leurs ébats sexuels avec plusieurs Thaïlandaises.
On entend aussi sur l'enregistrement - largement diffusé en Thaïlande - des ricanements et, surtout, des commentaires grossiers et racistes des joueurs sur les Thaïlandaises et leurs "yeux bridés".
Cette affaire est catastrophique en terme d'image pour le club et son propriétaire, le milliardaire thaïlandais Vichai Srivaddhanaprabha. Membre de l'élite conservatrice du pays, le magnat voyait cette tournée comme une chance de faire connaître son équipe aux Thaïlandais, accros du foot anglais.
"L'arrivée du héros"
Dans la foulée de ce scandale, le club renvoie mi-juin les trois joueurs en cause, Pearson, Tom Hopper et Adam Smith.
Quelques semaines plus tard, Nigel Pearson, dont les relations avec la presse britannique sont tendues, prend lui aussi la porte. Officiellement en raison de "différences fondamentales de points de vue".
Cette décision de Vichai et de son fils Aiyawatt, dit "Top", est très critiquée, puisque, avec Pearson, Leicester avait fini 14e du classement et évité la relégation.
Mais quinze jours plus tard, l'Italien Claudio Ranieri prend les rênes de l'équipe et en fait une machine à gagner.
"L'incident de l'hôtel a permis l'arrivée du héros", estime Satit Krikuln, dit Bigjah, le plus célèbre commentateur de foot de Thaïlande.
"Bien sûr, l'incident a abîmé la réputation de l'équipe de Leicester et affecté la Thaïlande... Mais, dans le pays, ce genre d'affaire est vite oublié", ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.
Les propriétaires thaïlandais n'ont jamais évoqué le scandale.
La police de Bangkok, qui avait menacé de poursuivre les femmes impliquées, affirme aujourd'hui n'avoir aucune trace de l'incident.
L'épopée a donc éclipsé le scandale dans un pays qui reste pourtant très conservateur et où le sexe est tabou malgré une vie nocturne trépidante et une réputation sulfureuse.
Interrogé par l'AFP avant le sacre de Leicester sur une éventuelle tournée du club dans le pays, Top avait répondu d'un laconique "non".
Avec AFP