Poursuite de grève du personnel judiciaire au Tchad

Le personnel judiciaire reconduit la grève sèche dans toutes les juridictions pour 7 jours à compter du 06 juin 2018 au Tchad, 11 janvier 2018. (VOA/ André Kodmadjingar)

Le personnel judiciaire reconduit la grève sèche dans toutes les juridictions pour 7 jours à compter du 06 juin 2018 au Tchad. Il persiste dans ce débrayage pour dénoncer l’immixtion de l’ex-gouverneur de la région du Logone Oriental et des autorités militaires de Doba au Sud du Tchad dans les affaires judiciaires.

Le personnel judiciaire accuse l’ex-gouverneur Adam Noucky Charfadine d’avoir intimé l’ordre aux gendarmes de tirer à balle réelle sur un avocat qui a obtenu la libération de trois de ces clients le 22 mai dernier.

La grève des magistrats et auxiliaires de justice paralyse l’appareil judiciaire depuis une semaine.

Pour calmer les esprits, le président Déby a limogé mercredi dernier par un décret, Adam Noucky Charfadine de ces fonctions de gouverneur du Logone oriental.

Ce limogeage fait suite à une mission de trois inspecteurs des services judiciaires diligentée à Doba par le ministère de la Justice.

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Après enquête sur le terrain, la mission recommande la poursuite judicaire du gouverneur pour rébellion et arrestation arbitraire et de trois responsables de la gendarmerie du Logone Oriental pour extorsion de fonds et recel de malfaiteurs.

Pour le président de la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme, Me Midaye Guirimbaye, la république du Tchad est en danger à cause du comportement de ceux qui sont censés protéger les paisibles citoyens.

Le personnel judiciaire reconduit la grève sèche dans toutes les juridictions pour 7 jours à compter du 06 juin 2018 au Tchad, 11 janvier 2018. (VOA/ André Kodmadjingar)

"Ce n’est pas imaginable qu’une autorité à la dimension du gouverneur puisse s’offrir le luxe de faire ouvrir le feu sur des gens dans les conditions que nous avons constatées. Que le gouverneur ou tous ceux qui sont accusés ou soupçonnés, soient traduits devant le juge. Dans ces conditions nous aurons compris que le président de la république et tous ceux qui gravitent autour de lui ont vraiment à cœur l’idée de donner au Tchad l’image d’un pays qui a une justice ", affirme Me Guirimbaye.

Le syndicat des magistrats du Tchad durcit sa position.

Pour le secrétaire général dudit syndicat Djonga Arrafi, il faut respecter la décision de la justice rendue au nom du peuple tchadien. Et donc la grève sèche et illimitée est maintenue jusqu’à la libération du chef de la communauté peul et que le gouverneur et ces complices répondent de leurs actes devant la justice.

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"Une force parallèle ne peut pas entrer au sein de la justice et procéder à des tirs. Autrement dit la décision peut s’obtenir au bord d’un canon et c’est ce que nous réfutons. La loi nous dit que s’il y a 90% de preuve réunies et qu’il y a 1% de doute. Il faut relaxer et nous prêtons serment nous disons que nous sommes enclaves de la loi. C’est une bavure qui a été commise. Des actions judiciaires doivent être engagées contre eux. C’est à ces conditions seulement que nous allons reprendre donc le chemin du travail", prévient M. Djanga.

Le secrétaire de l’ordre des avocats du Tchad Djimadoum Koumtog estime pour sa part que l’acte du chef de l’Etat relevant le gouverneur de Doba de son poste est un début de solution à leur revendication. Mais il appartient à la base de décider de la levée de la grève.

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"L’assemblée générale a décidé souverainement de reconduire le mouvement pour sept jours. Nous attendons dans l’intervalle que les autorités militaires impliquées dans cette affaire soient aussi démises de leurs fonctions. Si cela est fait, il appartiendra donc à cette assemblée de décider de lever le mot d’ordre de grève avant le 30 juin", explique M. Djimadoum.

Selon des sources judiciaires, Adam Noucky Charfadine, l’ex-gouverneur de Doba, traîne un passé judiciaire assez tumultueux. Outre ces ennuis judiciaires, il avait été demi de ces fonctions du gouverneur de la région du Batha au centre du pays par le chef de l’Etat en 2016 pour avoir tenté d’engager un bras de fer avec les magistrats. Le dossier est toujours pendant à la justice.