En cause principalement: la forte augmentation de la dette de la Chine et des Etats-Unis, explique le rapport sur les politiques budgétaires, le Fiscal Monitor, publié par l'institution.
"Nous avons assisté à un ajustement marqué du ratio d'endettement après la hausse observée en 2020, grâce à la réouverture de l'économie et à la forte reprise observée mais également grâce à l'inflation, parce qu'elle était inattendue, qui a contribué en augmentant temporairement les recettes fiscales", a expliqué à l'AFP le directeur du département des affaires budgétaires du Fonds, Vitor Gaspar.
"Mais nous observons une stabilisation dans la baisse des déficits publics et même une inversion concernant l'endettement, qui repart à la hausse en 2023. La conséquence est que le niveau d'endettement en 2028 devrait de nouveau approcher 100% du PIB", soit le niveau atteint durant la pandémie, a-t-il ajouté.
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En cause, une hausse du taux d'endettement de la majorité des pays développés et émergents, à la notable exception de la zone euro. La Chine et les Etats-Unis sont particulièrement concernés, leur ratio d'endettement par rapport à leur PIB devant atteindre respectivement, dans 5 ans, 100% et 135%, des niveaux jamais observés jusqu'ici pour les deux pays.
Pour la Chine, cela représentera même un doublement de son niveau d'endettement pré-pandémie, a souligné le FMI. Lors d'une conférence de presse M. Gaspar a souligné que "la priorité pour la Chine est de proposer un filet de sécurité plus généreux qui incitera les foyers chinois à réduire leur niveau d'épargne particulièrement élevé", augmentant ainsi la consommation et, au final, les rentrées fiscales pour l'Etat.
Hausse de l'endettement en France
Sans changement dans leur politique budgétaire, les deux premières puissances économiques représenteront d'ailleurs la majorité de la hausse cumulée d'ici à 2028, le FMI soulignant qu'une fois ces deux pays non pris en compte, le taux d'endettement mondial va au contraire diminuer.
"Dans les faits, plus de 60% des pays connaîtront une baisse de leur endettement sur les cinq prochaines années. La hausse est concentrée sur une poignée de pays: la Chine, le Japon, la Turquie, le Brésil, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. On observe donc une situation très différente d'un pays à l'autre", a souligné M. Gaspar.
Ainsi, la zone euro devrait au contraire connaître une baisse de son taux d'endettement, avec une réduction régulière du déficit public cumulé chaque année. L'Allemagne devrait même repasser sous la barre du ratio de 60% de PIB en 2028, contre près de 69% en 2021.
Seule exception, la France, qui au contraire connaîtra une hausse constante de son endettement sur les cinq prochaines années, au point de dépasser en 2028 (115%) le niveau atteint au plus fort de la pandémie. Le cumul des fortes dépenses de soutien à l'activité économique pour faire face à la pandémie et la chute du PIB du fait des confinements avait provoqué en 2020 un bond de l'endettement à 114,7%.
Le budget français devrait par ailleurs connaître un déficit annuel compris entre 5,3% et 3,9% du PIB entre 2023 et 2028, ne revenant jamais sous la barre des 3%, objectif pourtant affiché du gouvernement pour 2027. Le programme de stabilité (PSTAB) de 2022 prévoyait d'ailleurs une baisse du ratio d'endettement dès 2025. Le PSTAB pour 2023 devrait être publié à la fin du mois.
Concernant les Etats-Unis, "on observe une hausse de l'endettement assez rapide et persistante. Certes, ils profitent du fait que les bons du Trésor sont vus comme étant les actifs les plus sûrs sur le marché financier. Mais nous pensons qu'un ajustement de leur politique budgétaire est nécessaire", a détaillé Vitor Gaspar.
L'endettement de la première puissance mondiale fait actuellement l'objet d'un bras de fer au Congrès alors que le pays a atteint son plafond de 31.400 milliards de dollars en janvier et pourrait risquer le défaut l'été prochain si aucun accord n'est trouvé entre républicains et démocrates.