Quelque 3,1 millions d'électeurs sont appelés à choisir, parmi 16 candidats dont deux femmes, le successeur du président Ernest Bai Koroma, qui ne peut plus se représenter après 10 ans de pouvoir.
Ils devront également élire les 132 députés de ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, dont le sol regorge de diamants mais qui reste l'un des plus pauvres au monde.
Pour cette quatrième présidentielle depuis la fin de la guerre civile (120.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1991 2002), la victoire devrait à nouveau se jouer entre les deux partis qui dominent traditionnellement la vie politique.
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Un tête-à-tête qui oppose le Congrès de tout le Peuple (APC, actuellement au pouvoir) au Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) et dont les résultats sont attendus dans les jours suivant le scrutin.
L'APC a désigné comme candidat l'ancien ministre des Affaires étrangères Samura Kamara, un économiste de 66 ans qui gravite dans les coulisses du pouvoir depuis les années 1990, y compris quand le pays était dirigé par des juntes militaires, mais peu connu du grand public.
'Tout n'a pas été parfait'
Samura Kamara, sur qui pèsent des accusations de corruption, ne sera pas "la voix de son maître", a assuré samedi M. Koroma, au cours d'un meeting à Kambia, dans l'ouest du pays. "Il sera lui-même", a-t-il insisté à propos de ce proche allié. L'actuel chef de l'Etat entend rester aux commandes de l'APC après les élections.
Le président sortant laisse un pays miné par l'inflation --le prix du riz a quintuplé pendant son mandat--, une dette publique en hausse et un taux de chômage des jeunes "identique, voire pire" qu'à son arrivée, souligne l'analyste politique Lansana Gberie.
Tout en reconnaissant que "tout n'a pas été parfait", M. Koroma plaide pour la poursuite du "bon travail entamé".
"Nous souffrons du manque d'enseignants et ce que nous devons payer pour aller à l'école est bien trop élevé", relevait un jeune homme de 18 ans, Muhamadu Tuiay, après avoir assisté à son meeting.
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Le bilan de M. Koroma est également assombri par la disparition de millions de dollars destinés à la lutte contre l'épidémie d'Ebola qui fait quelque 4.000 victimes dans le pays entre 2014 et 2016, et par sa gestion des inondations qui ont fait plus de mille morts en août dans la périphérie de Freetown.
Le SLPP a pour sa part choisi Julius Maada Bio, 53 ans, déjà candidat en 2012. Ce militaire de formation avait pris le pouvoir en janvier 1996 en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser. Trois mois plus tard, il avait rétabli le multipartisme et s'était effacé.
M. Bio, qui a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption (alors qu'il est accusé par ses opposant d'avoir détourné de l'argent pendant son bref passage au pouvoir), risque toutefois de perdre des électeurs au profit de l'un des anciens hommes forts du SLPP, Kandeh Yumkella, qui se présente à la tête d'une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC).
Possible second tour
L'émergence de la NGC pourrait entraîner un second tour entre l'APC et le SLPP et conférer à M. Yumkella le rôle de "faiseur de roi", selon le directeur du centre de réflexion Area Consulting, Jamie Hitchen.
Alors que le vote se fait traditionnellement sur des bases ethniques et régionales, Kandeh Yumkella a visé les électeurs, notamment dans Freetown, lassés par cette répartition traditionnelle du pouvoir.
L'APC promet de poursuivre la construction de routes, mais le rôle de la Chine, qui finance notamment la construction d'une autoroute à péage, est controversé.
Lors d'un débat télévisé, Julius Maada Bio a qualifié de "supercheries" la plupart des projets soutenus par Pékin, estimant qu'ils n'apportaient "aucun bénéfice à l'économie du pays ou à ses habitants".
L'interdiction de la circulation le jour du scrutin, à l'exception des véhicules officiels, fait également polémique.
Pour le pouvoir, il s'agit d'éviter que des gens "circulent avec des machettes" et perturbent le processus électoral", selon M. Koroma. Le SLPP voit dans cette mesure une grave "atteinte à la liberté de mouvement".
Avec AFP