Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou rencontre, lundi 9 novembre à Washington, le président américain Barack Obama pour tourner la page de l'accord sur le nucléaire iranien et parler de défense, en laissant de côté leurs relations personnelles tendues.
La rencontre prévue à 10 h 30 (15 h 30 GMT) à la Maison Blanche sera la première entre les deux hommes depuis octobre 2014 et l'accord sur le nucléaire iranien de juillet, défendu par l'Américain et pourfendu par l'Israélien.
La mésentente personnelle entre MM. Netanyahou et Obama, qu'ils ne prennent plus la peine de cacher, s'est encore approfondie depuis.
La Maison blanche avait très mal pris le fait qu'en mars, le chef de file de la droite israélienne vienne courtiser les républicains, adversaires politiques de M. Obama, lors d'un discours devant le Congrès sur la menace iranienne. Des propos de M. Netanyahou les jours suivants, sur les Arabes israéliens et sur le conflit israélo-palestinien, avaient achevé de semer la consternation à Washington.
Le face-à-face de lundi, qui s'annonce plus fonctionnel que chaleureux, est censé panser les plaies iraniennes et permettre de réaffirmer le caractère indéfectible de l'alliance sécuritaire, au-delà des sentiments personnels.
Négociations sur un nouvel accord militaire
Le principal point des discussions devrait porter sur un nouvel accord militaire pour les 10 années à venir. M. Netanyahou pourrait demander que l'aide militaire de plus de trois milliards de dollars annuels reçue de Washington passe à cinq milliards, conjecturait la presse israélienne.
Il s'agirait pour Israël d'être mieux armé face aux risques que l'accord avec Téhéran fait peser sur lui, selon Netanyahou, qu'ils soient balistiques ou posés par les alliés de l'Iran, le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien. Le Premier ministre israélien avait qualifié l'accord avec l'Iran d'"erreur historique".
Le nouvel accord israélo-américain ne prendra effet qu'en 2017 à l'expiration de celui en vigueur. Les deux dirigeants doivent évoquer des engagements qui pourraient permettre à Israël d'obtenir plus que les 33 avions de combat F-35 déjà commandés et d'espérer acquérir des avions-hélicoptères V-22 Ospreys.
La perspective d'un tel accord permet à la Maison Blanche de proclamer que la coopération sécuritaire avec Israël n'a jamais été aussi forte que sous M. Obama.
Peu d’espoir concernant la question israélo-palestinienne
Le constat est bien plus sombre en ce qui concerne la question israélo-palestinienne. M. Obama a perdu tout espoir de voir un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens d'ici la fin de son mandat en janvier 2017, admettent ses collaborateurs. Même les chances que des négociations reprennent d'ici là sont minces, disent-ils.
M. Obama est "déçu" qu'il n'y ait aucune percée sous ses mandats, dit Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale, dans le quotidien "Haaretz". La faute en incombe d'abord aux Israéliens et Palestiniens : "Nous avons tout essayé... peu importe ce que les Etats-Unis faisaient, à chaque fois que les dirigeants israéliens et palestiniens avaient l'occasion de faire un bond en avant ensemble, aucun ne le faisait", dit-il.
MM. Obama et Netanyahou se rencontrent alors que les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie à une vague de violences qui fait redouter une nouvelle intifada.
M. Obama attend ce que propose M. Netanyahou pour "stabiliser" la situation, mais aussi préserver la "solution à deux Etats", palestinien et israélien vivant en paix, objectif apparemment de plus en plus distant.
Avant son départ d'Israël dimanche, M. Netanyahou a dit qu'il évoquerait avec M. Obama les "progrès possibles avec les Palestiniens", laissant entendre qu'il pourrait annoncer des mesures concrètes pour faciliter la vie des Palestiniens et apaiser les tensions.
Le désaccord profond sur la colonisation subsiste cependant. il "ne va pas disparaître" mais au contraire devenir "encore plus compliqué avec le temps", prévient M. Rhodes.
M. Netanyahu est soumis à la pression de sa droite. Quinze députés ont signé un appel à ce qu'il invoque devant M. Obama "le droit légal et historique" d'Israël à construire à Jérusalem et en Cisjordanie. Quant à des gestes d'apaisement envers les Palestiniens, un des principaux alliés de sa coalition gouvernementale, Naftali Bennett, en a refusé l’idée : "C'est nous qui devrions leur demander des gestes : arrêtez d'assassiner et de propager la haine."
Avec AFP