Les discussions entre les locataires de la Maison Blanche et du Kremlin se déroulent dans une villa majestueuse au bord du lac de Genève.
Les deux chefs d'Etat espèrent qu'elles pourraient déboucher sur des relations plus stables et prévisibles, même s'ils restent en désaccord sur des sujets aussi divers que le contrôle des armements, le piratage informatique, l'ingérence électorale et l'Ukraine, rapporte Reuters.
Sommet lourd d'enjeux pour Joe Biden
Ce sommet est lourd d'enjeux pour Joe Biden, cinquième président américain que côtoyer Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, comme le confirme Reuters.
Dans un entretien à la chaîne américaine NBC, Vladimir Putin a dit espérer que le président démocrate se montre moins impulsif que son prédécesseur républicain. Mais il a aussi saisi l'occasion pour souligner combien Donald Trump était, selon lui, un homme "talentueux".
A l'égard de l'homme fort du Kremlin, Joe Biden a adopté un ton résolument ferme ces derniers jours, promettant de dire sans détour quelles sont ses "lignes rouges", a publié l'Agence France Presse.
"Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités", a-t-il prévenu.
"Nous ne nous attendons pas à ce que cette réunion débouche sur un grand nombre de résultats", a déclaré un haut représentant de l'administration américaine aux journalistes à bord d'Air Force One, alors que Joe Biden s'envolait pour Genève.
"Je ne suis pas sûr que des accords seront conclus", a déclaré le conseiller en politique étrangère de Vladimir Poutine, Youri Ouchakov.
Lire aussi : Avant le sommet avec Biden, Poutine se dit prêt à un échange de prisonniersDe son côté, Michael McFaul, professeur de sciences politiques à l'Université de Stanford, directeur du Freeman Spogli Institute for International Studies et Peter and Helen Bing Senior Fellow à la Hoover Institution. a twetté ce mercredi 16 juin : "Ne soyez pas surpris si Poutine exprime son soutien à des relations normalisées avec les États-Unis aujourd'hui. Après l'annexion de la Crimée, le soutien d'Assad, l'ingérence dans les élections américaines, la tentative d'assassinat de Skripal, etc., faire en sorte que Biden embrasse des relations normalisées serait une énorme victoire pour Poutine".
Ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul est aussi un expert de premier plan sur la Russie, la politique étrangère américaine et le développement démocratique dans le monde.
La Maison Blanche, elle, a volontairement fixé la barre assez bas: pas de grandes annonces à attendre mais un objectif dans la durée: rendre les relations entre les deux pays plus "stables et prévisibles".
Le haut représentant américain a déclaré que les Etats-Unis visaient un ensemble d'actions "dans des domaines où la collaboration peut faire progresser nos intérêts nationaux et rendre le monde plus sûr."
Il a aussi ajouté que Joe Biden définirait les zones d'intérêt national où l'inconduite de la Russie entraînerait une réponse. En avril, Joe Biden a signé un décret donnant à Washington une plus grande latitude pour imposer des sanctions à Moscou.
Lire aussi : Biden sanctionne Moscou et expulse 10 diplomates russesVladimir Frolov, un ancien diplomate russe, a déclaré à Reuters que Vladimir Poutine souhaitait instaurer des liens respectueux et être traité comme les membres du Politburo soviétique l'étaient dans les années 1960-1980, avec "une reconnaissance symbolique de la parité géopolitique de la Russie avec les Etats-Unis."
Dégradation entre la Russie et les Etats-Unis
Les relations entre Washington et Moscou se sont détériorées ces dernières années, notamment avec l'annexion de la Crimée par la Russie en Ukraine en 2014, son intervention en Syrie en 2015 et les accusations américaines - démenties par Moscou - de son ingérence dans l'élection de 2016 qui a porté Donald Trump à la Maison blanche.
Elles se sont encore dégradées en mars lorsque Joe Biden a déclaré qu'il pensait que Vladimir Poutine était un "tueur", ce qui a incité la Russie à rappeler son ambassadeur à Washington pour des consultations. Les Etats-Unis ont rappelé leur ambassadeur en avril. Aucun des deux n'a repris ses fonctions depuis.
Les discussions entre Vladimir Poutine et Joe Biden ne comprendront pas de repas. Ils devraient tenir des conférences de presse séparées plutôt qu'une conférence commune. Ce qui indique aussi combien les relations sont tendues entre la Russie et les Etats-Unis.