Près de 150 migrants bloqués en Libye retournent au Nigeria

Les migrants à l'aéroport de Mitiga, à l'est de Tripoli en Libye, avant leur retour volontaire dans leur pays, le 5 décembre 2017.

Cent quarante quatre ressortissants nigérians, qui se trouvaient dans des camps de détention en Libye, sont arrivés mardi soir à Lagos, où un autre avion était attendu dans la nuit, dans le cadre d'un plan de rapatriement d'urgence mené par Abuja.

"Merci Dieu, Merci Dieu, Merci Dieu", répétait un jeune homme, en ligne bien rangée sur le tarmac de l'aéroport de Lagos, où il attendait d'être enregistré par les services d'immigration puis par l'Agence nationale pour la gestion des urgences (NEMA).

"Je suis très heureux d'être à la maison car c'est l'enfer en Libye. Je veux recommencer une nouvelle vie dans mon pays", a expliqué à l'AFP Franklin, en attendant de recevoir de la nourriture.

Derrière lui, Omoburo, raconte qu'il est resté enfermé dans un camp de détention pendant près de neuf mois avant de pouvoir être rapatrié.

"Ils (les Libyens) nous utilisaient pour porter les bombes, porter les munitions, on devait enterrer les cadavres,...", énumère-t-il devant une grande affiche de la première dame, Aisha Buhari, leur souhaitant la "bienvenue".

La veille, Tiwatope Adeleye Elias-Fatile, porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Abuja a fait savoir que l'ambassade du Nigeria en Libye, en collaboration avec l'Organisation Mondiale pour les Migrations (OIM), avait mené des visites dans les camps de détention pour les migrants en situation illégale, en route pour l'Europe.

"L'ambassade a recensé 2.778 ressortissants nigérians, actuellement dans des camps (accessibles) et ils sont prêts à être rapatriés", a expliqué le ministère lundi dans un communiqué.

Le Nigeria s'est engagé à rapatrier 250 migrants chaque semaine vers Lagos, où ils seront ensuite acheminés dans leur ville d'origine ou recevront un peu d'argent pour s'y rendre.

En novembre, près 1.300 migrants ont été rapatriés au Nigeria, une forte accélération par rapport aux mois précédents, notamment due au scandale né après la diffusion d'un reportage de CNN sur le trafic d'esclaves, dont sont victimes les Africains de l'Ouest en situation illégale en Libye.

La semaine dernière, lors du sommet Europe/Afrique qui se tenait à Abidjan, le président nigérian s'est engagé à rapatrier et "réhabiliter tous les Nigérians bloqués en Libye". "Nous essayerons de les garder à la maison", a-t-il promis.

Géant de 190 millions d'habitants, le Nigeria est le premier d'émigration illégale en Afrique de l'Ouest. Le pays était régulièrement montré du doigt par l'Union Européenne pour refuser de rapatrier ses ressortissants, mais des accords de partenariat ont été négociés pour faciliter leur retour.

(Avec AFP)