Près de 210 morts et une centaine d'enfants kidnappés en Ethiopie

Le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a dénoncé ce massacre lors d'un passage télévisé.

Les autorités éthiopiennes accusent les hommes armés de la tribu sud-soudanaise Murle d'avoir mené un raid, dorénavant qualifié de "massacre de Gambella".

Le raid mené vendredi par une tribu sud-soudanaise dans le sud-ouest de l'Éthiopie a fait au moins 208 morts, tandis que 102 enfants ont été kidnappés, a annoncé le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn.

Le ministère des Affaires étrangères avait indiqué dimanche matin que cette attaque menée à proximité de la ville de Gambella avait fait "près de 140 morts", et évoqué des enlèvements sans en préciser le nombre.

"Les atrocités commises par des hommes armés de la tribu Murle venus du Soudan du Sud ont coûté la vie à 208 femmes et enfants. Ils ont aussi kidnappé 102 enfants", a renchéri M. Hailemariam dans une allocution sur la télévision d'Etat EBC dimanche soir.

Le raid, qualifié de "massacre de Gambella", a suscité une vague d'indignation dans les médias éthiopiens et renforce les craintes d'un débordement sur le territoire éthiopien de la guerre civile déclenchée en décembre 2013 au Soudan du Sud.

La région de Gambella, située à 50 km de la frontière sud-soudanaise, abrite des citoyens éthiopiens d'ethnie nuer - une des deux principales ethnies au Soudan du Sud avec les Dinka -, mais aussi 272.000 réfugiés sud-soudanais qui ont fui la guerre civile déclenchée en décembre 2013 dans leur pays.

Les violences intertribales sont fréquentes dans les régions alentours, où Murle - essentiellement basés dans l'Etat oriental du Jonglei au Soudan du Sud - et Nuer se livrent à des raids en vue de voler du bétail.

"Il y a déjà eu des enlèvements d'enfants et des vols de bétail à Gambella par des raids traversant la frontière éthiopienne, mais l'attaque de vendredi était massive", a précisé M. Hailemariam.

Les premiers témoignages recueillis par des journalistes sur place font état d'assaillants armés de kalachnikov tuant tous ceux qui ont opposé une résistance.

"Les forces éthiopiennes sont en train de prendre des mesures contre les assaillants pour libérer les enfants enlevés sans conditions", a par ailleurs affirmé M. Hailemariam. Il n'a pas précisé si l'armée éthiopienne a passé la frontière mais assure avoir consulté le gouvernement sud-soudanais pour mener "des opérations communes".

L'Éthiopie est très impliquée dans le processus de paix au Soudan du Sud en raison des risques de déstabilisation à Gambella. Selon Addis Abeba, les assaillants n'ont pas de lien avec le gouvernement sud-soudanais ou la rébellion qui le combat.

Avec AFP