Le premier face-à-face entre la candidate démocrate Hillary Clinton et son adversaire républicain Donald Trump, lundi soir, à l’université Hofstra de New York, était un débat historique, entre la première femme investie par un des grands partis et un homme d’affaires qui a fait de son coup d’essai en politique un coup de maître.
Le débat a démarré sur les chapeaux de roues avec une question sur ce qu’il convient de faire de l’économie américaine. Pour Mme Clinton, il faut bâtir une économie qui bénéficie à tout le monde, et non à ceux d’en haut uniquement, avec de nouveaux et bons emplois, dans les infrastructures, la manufacture et la technologie de pointe, entre autres.
Le candidat républicain, lui, a dénoncé la fuite des emplois américains qui, selon lui, vont au Mexique et dans d’autres pays. Il a promis de taxer à l’importation les produits des entreprises ayant exporté ces emplois. Donald Trump s’en est pris à la Chine qu’il accuse de dévaluer sa monnaie pour se donner l’avantage. Et il n’y a personne au sein de notre gouvernement pour les combattre, a-t-il lancé, assurant avoir un très bon plan de lutte, un plan victorieux.
Vigoureuse discussion sur la transparence
La question de la transparence, et donc du degré de confiance ou de méfiance qu’inspire chaque candidat, a été abordé durant la discussion sur la feuille d’impôts de Donald Trump. Celle-ci n’a toujours pas été rendue publique pour cause d’audit, et aussi pour au moins une raison liée à Mme Clinton, soutient le candidat républicain :
"Je publierai ma feuille d’impôts lorsqu’elle publiera ses 33 000 emails qui
ont été effacés", a dit Donald Trump ; une allusion à la controverse suscitée par l’utilisation par Mme Clinton d’un serveur privé pour ses communications du temps où elle était secrétaire d’Etat, et duquel des milliers d’emails ont été effacés. Après enquête, le FBI avait conclu à la négligence, mais n’avait pas recommandé de poursuites criminelles dans cette affaire.
Pour sa part, Mme Clinton a dit avoir sa petite idée sur les raisons pour lesquelles le candidat républicain ne veut pas publier sa feuille d’impôt. Peut-être qu’il n’est pas aussi riche, ou aussi charitable qu’il le prétend, a dit Mme Clinton, ajoutant qu’une bonne part des affaires de Donald Trump n’est pas connue. Peut-être qu’il ne veut que les Américains sachent qu’en utilisant les techniques de comptabilité, il ne paie pratiquement pas d’impôt fédéral, a ajouté Mme Clinton.
L’OTAN et d’autres dossiers
Au plan de la politique étrangère, les deux candidats ont longuement débattu sur la guerre en Irak, la situation en Libye, l’accord nucléaire iranien, la lutte contre le groupe Etat islamique. Donald Trump a accusé l’administration Obama de ne rien faire face aux agissements de la Corée du Nord. Il a aussi dit ce qu’il pense de l’OTAN :
"Je n’ai pas beaucoup réfléchi au sujet de l’OTAN", a avoué Donald Trump, qui dit cependant être parvenu à deux conclusions : les 28 pays de l’OTAN ne paient pas leur part du fardeau alors qu’ils devraient payer les Etats-Unis qui les défendent. En plus, l’OTAN pourrait devenir obsolète du fait de ne pas se concentrer sur le terrorisme, a averti le candidat républicain.
"Nous travaillons avec l’OTAN, la plus ancienne alliance militaire au monde, pour porter notre attention sur le terrorisme", a répliqué la candidate démocrate. Evoquant les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, qui sont des pays musulmans, Mme Clinton a accusé Donald Trump d’avoir insulté les musulmans ici aux Etats-Unis comme à l’extérieur, suscitant l’inquiétude des pays alliés.
Un sondage de CNN auprès de téléspectateurs ayant regardé le débat révèle que 67% pensent que Mme Clinton l’a gagné, contre 27% qui donnent l’avantage à Donald Trump.
Trois intervenants, un même avis
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Joint par VOA Afrique peu après le débat, l’ancien secrétaire d’Etat-adjoint aux Affaires africaines, le républicain Herman Cohen, a affirmé que "les deux se sont bien défendus." Il estime tout de même que Mme Clinton a fini le débat "avec un avantage. M. Cohen pense que le candidat républicain "a réfléchi sur les dossiers, il a bien parlé sur les questions de l'Etat islamique, parlé sur les questions nucléaires, il a parlé au sujet du commerce extérieur." Pour ce qui est de Mme Clinton, elle "a surtout besoin de prendre les votes de M. Sanders", son adversaire malheureux des primaires, a expliqué l'ambassadeur Cohen, notant la réticence des partisans de Sanders vis-à-vis de la candidate démocrate.
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"Les deux candidats sont restés fidèles à leur style ou, si vous voulez, à leur message depuis le début de cette campagne", estime, de son côté, le professeur Edgar Coly de l'université dEtat deCalifornie à Monterey, un démocrate. "Vous avez donc Mme Clinton qui, comme d'habitude, est posée, qui connait les dossiers ; elle s'exprime clairement, avec beaucoup de détails, et, par contraste, vous avez M. Trump, qui parle en termes généraux, sans vraiment donner de détails sur ce qu'il veut faire", a-t-il souligné.
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"Clairement, Mme Clinton a gagné le débat. Vers la fin, Donald Trump s'est effondré", a expliqué, de son côté, Léonard Wantchékon, professeur de sciences politiques et d'économie à l'université Princeton, dans l'Etat du New Jersey. Selon lui, après ce débat, « les personnes qui hésitaient vont encore douter davantage de Trump." Toutefois, a-t-il fait remarquer, Donald Trump a survécu, par le passé, à bien de choses qui aurait coulé tout autre candidat.