La mesure a été critiquée par l'opposition, qui craint son utilisation pour empêcher toute critique envers le régime du président Paul Kagame.
"Nous demandons (aux candidats) de présenter leurs messages, leurs brouillons" afin de vérifier "s'ils ne vont pas à l'encontre de la loi", a déclaré lundi à l'AFP Kalisa Mbanda, président de la commission électorale nationale (NEC).
La mesure, publiée au journal officiel, prendra effet dès le début de la campagne électorale le 14 juillet et concernera tous les "messages, photographies ou autre matériel de campagne" publié sur les réseaux sociaux.
Ces matériaux devront être soumis au moins 48 heures avant leur utilisation aux sept commissaires de la NEC, qui pourront suggérer des corrections. Si "le message n'est pas accepté, il ne pourra pas être publié", a précisé M. Mbanda.
"C'est dans le but de limiter les dégâts" et "éviter des expressions, des paroles, des actes qui peuvent amener la population à des actes d'insécurité, au réveil du divisionnisme dans la population rwandaise", a-t-il ajouté.
"C'est injuste car nous estimons que les réseaux sociaux doivent être quelque chose de spontané", a déclaré à l'AFP Frank Habineza, président du parti démocratique vert, seule formation d'opposition autorisée au Rwanda, et un des candidats déclarés à la présidentielle.
M. Habineza dit craindre que les messages "très critiques" envers le parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), puissent être bloqués sous couvert "d'atteinte à la sécurité nationale". Il a par ailleurs assuré envisager des poursuites contre la NEC.
Quatre candidats d'opposition ont déclaré leur intention de participer à la présidentielle face au président sortant Paul Kagame. Ils doivent encore recevoir l'aval de la commission électorale pour se présenter.
Une réforme controversée de la constitution adoptée en décembre 2015 permet à M. Kagame, homme fort du Rwanda depuis 1994, de se représenter cette année et, potentiellement, de diriger le pays jusqu'en 2034.
Si la constitution consacre le multipartisme, il n'existe pratiquement pas d'opposition dans le pays, le FPR contrôlant d'une main de fer les sphères politique, sociale et économique.
Depuis la fin du génocide qui a fait d'avril à juillet 1994 environ 800.000 morts - essentiellement parmi la minorité tutsi - le Rwanda est salué pour ses résultats économiques et sa stabilité mais critiqué pour ses atteintes à la liberté d'expression et son manque d'ouverture politique.
Avec AFP