Prière sous haute tension à Jérusalem après des restrictions imposées aux fidèles

Vieille ville de Jérusalem, le 23 juillet 2017. (AP Photo/Mahmoud Illean)

La police israélienne a interdit vendredi aux hommes de moins de 50 ans l'accès à l'esplanade des Mosquées à Jérusalem pour la prière hebdomadaire, laissant craindre une nouvelle flambée de violences après deux semaines de tensions autour de ce lieu saint.

Cette mesure intervient au lendemain de heurts dans ce secteur ultra-sensible entre manifestants palestiniens et police israélienne qui ont fait une centaine de blessés.

L'esplanade, troisième lieu saint de l'islam situé à Jérusalem-Est annexée par Israël, avait été fermée le 14 juillet après une attaque meurtrière contre deux policiers israéliens, et la police avait ensuite mis en place aux entrées du site des mesures de sécurité controversées, entraînant le boycott des fidèles musulmans.

Après l'annulation de ces mesures, les autorités politiques et religieuses ont appelé jeudi les Palestiniens à retourner prier à Al-Aqsa, l'une des deux mosquées situées sur l'esplanade.

Mais peu après l'entrée sur l'esplanade de milliers de fidèles musulmans pour la prière de l'après-midi, des affrontements ont éclaté avec les forces de l'ordre israéliennes.

Ces heurts, qui ont eu lieu aussi autour du site, ont fait une centaine de blessés selon le Croissant-rouge palestinien.

"Il y a des indications selon lesquelles des troubles et des manifestations vont avoir lieu", a indiqué vendredi matin la police israélienne.

"Seuls les hommes de plus de 50 ans et les femmes de tous âges sont autorisés et certaines rues autour de la Vieille ville verront leur accès limité", a-t-elle ajouté dans un communiqué, en référence à l'accès à l'esplanade, appelé Noble sanctuaire par les musulmans et Mont du Temple par les juifs.

Les violences avaient éclaté la semaine dernière à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées après l'installation, le 16 juillet, de détecteurs de métaux aux entrées du site, au surlendemain de l'attaque anti-israélienne près de l'esplanade.

- 'Ratage de Bibi' -

Cinq Palestiniens avaient été tués et des centaines blessés dans des affrontements avec les forces de l'ordre israéliennes.

Jeudi, le ministère palestinien de la Santé a fait état du décès d'une sixième personne, blessée lundi dans des heurts avec les forces israéliennes.

Trois colons israéliens avaient en outre été poignardés à mort le 21 juillet en Cisjordanie par un Palestinien. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réclamé jeudi sa condamnation à mort.

Après d'intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël a retiré mardi les détecteurs de métaux, puis, jeudi, les derniers éléments du nouveau dispositif de sécurité.

Le retrait de ces mesures est perçu par la presse israélienne comme une défaite pour M. Netanyahu, qui les avait lui-même ordonnées mais qui a ensuite été obligé de faire marche arrière, de crainte que la spirale de violence ne devienne incontrôlable.

"Le grand ratage de Bibi", titrait en Une le Jérusalem Post, généralement proche du Premier ministre, utilisant son surnom.

Israël avait justifié la mise en place des nouvelles mesures de sécurité en affirmant que les assaillants des deux policiers israéliens avaient dissimulé sur l'esplanade des armes et en étaient sortis pour mener leur attentat.

Mais les Palestiniens y avaient vu une tentative d'Israël d'affermir son contrôle sur ce site, que les juifs considèrent comme leur lieu le plus sacré et les musulmans leur troisième lieu le plus saint.

L'Etat hébreu contrôle les entrées du site mais celui-ci est géré par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu'à certaines heures et n'ont pas le droit d'y prier.

Les autorités israéliennes ont assuré qu'elles n'avaient pas l'intention de modifier ces règles tacites.

Mais la Ligue arabe, qui tenait une réunion d'urgence, a accusé jeudi Israël de vouloir imposer sa souveraineté sur l'esplanade et Jérusalem-Est.

Avec AFP