Les démocrates "vous demandent de limoger à la veille d'une élection un président qui connaît le succès, sans raison et en violation de la Constitution", a lancé aux cent sénateurs Pat Cipollone, l'avocat de la Maison Blanche.
"Il est temps d'en finir, aussi vite que possible", a-t-il poursuivi en concluant trois jours de plaidoirie largement parasités par les révélations explosives d'un ancien conseiller de la Maison Blanche.
Lire aussi : Procès en destitution: la défense de Trump tente de parer les révélations de BoltonL'ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton a écrit dans un livre à paraître prochainement que Donald Trump lui avait expliqué ne pas vouloir débloquer une aide militaire destinée à l'Ukraine tant que ce pays n'enquêterait pas sur son rival Joe Biden.
Ces allégations, rendues publiques dimanche soir, ont fait l'effet d'une bombe car elles touchent au coeur du dossier d'accusation contre le président, jugé pour "abus de pouvoir" et "entrave au travail du Congrès".
Elles ont également renforcé les démocrates, qui réclament depuis des semaines la convocation de plusieurs proches de M. Trump, dont M. Bolton, devant les sénateurs.
Lire aussi : John Bolton, l'ex-conseiller va-t-en-guerre prêt à batailler avec TrumpL'ancien faucon de la politique étrangère à la Maison Blanche est "un témoin-clé de la conduite scandaleuse du président", a encore souligné mardi l'élu Adam Schiff, procureur en chef de ce procès au Sénat.
Les 53 sénateurs républicains s'y sont opposés jusqu'ici, mais les révélations de l'ancien conseiller ont fait bouger les lignes.
- "Qu'on en finisse" -
Le chef de la majorité républicaine Mitch McConnell a réuni ses élus en fin de journée pour en discuter et, selon des médias américains, il a reconnu ne pas avoir à l'heure actuelle les 51 voix nécessaires pour empêcher la convocation de nouveaux témoins.
Il lui reste jusqu'à la fin de la semaine pour faire rentrer dans le rang les quelques sénateurs républicains modérés, dont Mitt Romney, Susan Collins ou encore Lisa Murkowski, susceptibles d'apporter leur soutien aux 47 démocrates.
Lire aussi : Bolton écrit que Trump voulait lier aide à l'Ukraine et enquête sur BidenLes deux prochaines journées seront consacrées aux questions des sénateurs. A partir de mercredi après-midi, ils pourront formuler leurs interrogations par écrit et elles seront lues par le chef de la Cour suprême des Etats-Unis, qui préside les débats.
Ce n'est que vendredi en fin de journée que la question des témoins sera soumise au vote.
Donald Trump et ses partisans espèrent un rejet de la requête démocrate, pour que les élus puissent passer directement au vote final sur la culpabilité du président. La Constitution imposant une majorité des deux tiers pour le destituer (67 voix), il est quasi assuré d'être acquitté.
"Il faut qu'on en finisse. Maintenant", a martelé mardi soir le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche du milliardaire. Mais "s'ils veulent avoir des témoins, il y aura beaucoup de témoins", a-il ajouté, menaçant de réclamer à son tour la convocation de Joe Biden, ou de son fils Hunter.
- "Zone sans-Biden" -
Lors d'un appel téléphonique estival, Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle du 3 novembre, et sur les affaires de son fils dans ce pays gangrené par la corruption.
Lire aussi : Procès de Trump: l'accusation boucle l'exposé de ses griefsLes démocrates l'accusent d'avoir tenté de "tricher" pour remporter un second mandat en poussant l'Ukraine à "salir" l'ancien vice-président de Barack Obama, et d'avoir utilisé les moyens de l'Etat pour arriver à ses fins, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit avec la Russie.
L'hôte de la Maison Blanche assure "n'avoir rien fait de mal". Ses inquiétudes sur l'étendue de la corruption en Ukraine justifiaient selon lui --à la fois mais distinctement-- sa demande d'enquête sur les Biden et le blocage des 400 millions de dollars.
"Sommes-nous dans une zone sans-Biden?", a lancé en écho son avocat Jay Sekulow. "Vous mentionnez quelqu'un, vous exprimez des inquiétudes sur une société et c'est interdit? Vous destituez un président américain pour avoir posé des questions?"
Les avocats de Donald Trump se sont également évertués à convaincre les jurés que le procès n'était motivé que par des "désaccords politiques". Ils ont présenté le milliardaire comme la victime de trois ans d'efforts démocrates pour le discréditer.
Devant une foule de partisans enthousiastes, l'intéressé s'est à nouveau posé mardi soir, lors d'un meeting de campagne, en victime d'une "croisade partisane" entamée dès sa déclaration de candidature à la Maison Blanche. Et il s'est dit convaincu que les Américains lui donneraient raison dans les urnes en novembre.