L'excision désormais passible de 3 ans de prison au Soudan

Logo symbolisant la lutte contre les mutilations génitales féminines. (Reuters/Siegfried Modola-21 avril 2016)

Le Conseil souverain a approuvé une loi criminalisant l'excision, estimant qu'elle "porte atteinte à la dignité de la femme", a annoncé le ministère soudanais de la justice.

"La mutilation des organes génitaux de la femme est considérée comme un crime", souligne un amendement au code pénal voté par le gouvernement fin avril. Les personnes rendues coupables d'excision sont passibles de peines jusqu'à trois ans de prison en plus d'une amende, indique le texte.

La décision ainsi que la promulgation de la loi ont été saluées comme une victoire majeure par les militants des droits humains.

"C'est une étape énorme pour le Soudan et son nouveau gouvernement", avait déclaré Nimco Ali de la Fondation Five, une organisation qui milite pour mettre fin aux mutilations génitales féminines dans le monde. "L'Afrique ne peut prospérer que si elle prend soin des filles et des femmes. Ils montrent que ce gouvernement a du mordant."

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Selon les Nations Unies, près de neuf femmes sur 10 ont subi un excision au Soudan. Les mutilations génitales féminines sont pratiquées dans au moins 27 pays africains, ainsi que dans certaines régions de l'Asie et du Moyen-Orient. Outre le Soudan, les pays les plus touchés en Afrique sont notamment l'Éthiopie, le Kenya, le Burkina Faso, le Nigéria, Djibouti et le Sénégal, indique le Fonds des Nations Unies pour la Population.

"La loi aidera à protéger les filles de cette pratique barbare et leur permettra de vivre dans la dignité", avait déclaré en avril Salma Ismail, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance à Khartoum. "Et cela aidera les mères qui ne voulaient pas couper leurs filles, mais pensaient qu’elles n’avaient pas le choix de dire non".

Les experts avertissent toutefois qu'une loi à elle seule ne suffit pas pour mettre fin à l'excision, qui, dans de nombreux pays, est enchevêtrée de croyances culturelles et religieuses.

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"Il ne s'agit pas seulement de réformes juridiques", a insisté Mme Ismail, rappelant qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire évoluer les mentalités.

Et pour cause, en Égypte, où l'excision a été interdite en 2008, de nombreuses filles et jeunes femmes en sont encore victimes. La loi a été amendée en 2016 pour criminaliser les médecins et les parents qui facilitent une excision, avec des peines de prison allant jusqu'à 15 ans si cela entraîne un handicap ou la mort.

Mais rares sont les poursuites à l'encontre des contrevenants dans la plupart des pays non-occidentaux qui criminalisent l'excision, comme la Guinée ou le Nigeria, tandis qu'au Burkina Faso, 384 personnes, dont 31 exciseuses, ont été condamnées entre 2009 et 2015, selon le ministère de la justice.

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