Le vice-président kényan Rigathi Gachagua a nié lundi les accusations de corruption portées contre lui, qu'il a qualifiées de "pure propagande" et de "complot", à la veille d'un vote de l'Assemblée nationale sur sa destitution. M. Gachagua est visé par une procédure de destitution inédite lancée le 1er octobre, marquant le point culminant de plusieurs mois de conflit avec le président William Ruto, avec qui il a été élu en août 2022. Une motion déposée par un député de la coalition présidentielle (Kenya Kwanza) liste onze motifs de destitution dont ceux d'"atteinte à l'unité nationale", d'"insubordination" envers le président ainsi que de nombreuses suspicions de "crimes économiques" (détournements de fonds publics, conflits d'intérêts, abus de pouvoir...).
Lors d'une conférence de presse lundi soir, il a assuré qu'il se présenterait mardi devant l'Assemblée nationale pour répondre aux accusations "scandaleuses, qui n'ont aucun fondement, qui sont de la pure propagande, qui sont un complot pour (le) chasser du pouvoir en raison d'autres considérations politiques". La motion qui le vise affirme notamment qu'"au cours des deux dernières années, (il) a accumulé de manière inexplicable un portefeuille immobilier colossal estimé à 5,2 milliards de shillings (environ 36 millions d'euros), provenant principalement de produits présumés de la corruption et du blanchiment d'argent". Face à la presse, M. Gachagua a détaillé point par point l'acquisition de sa fortune, dont plusieurs propriétés (hôtels, appartements...) qui ont été héritées de son frère défunt.
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L'Assemblée nationale votera mardi sur sa destitution et pour être adoptée elle devra réunir les deux-tiers des députés, soit 233 voix. La motion sera ensuite débattue et votée au Sénat, où 45 voix seront nécessaires. En cas d'adoption, M. Gachagua, 59 ans, serait le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, instaurée dans la Constitution de 2010. En 1989, le vice-président Josephat Karanja avait démissionné dans des conditions similaires, avant un vote de défiance l'accusant de saper l'autorité du président Daniel arap Moi.
Rigathi Gachagua avait été choisi par William Ruto comme colistier pour la présidentielle d'août 2022 malgré sa réputation sulfureuse, marquée notamment par plusieurs accusations de corruption. Doté d'un solide réseau d'influence, notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, il a joué un rôle crucial dans la victoire de M. Ruto face à Raila Odinga. Mais leurs relations se sont détériorées notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet. Ses détracteurs l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'Etat face aux manifestations qui demandaient sa démission. La répression de ce mouvement a fait plus de 60 morts. M. Gachagua s'estime depuis mis à l'écart par le président, qui a en revanche entamé un rapprochement avec le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga.