Dans ce pays majoritairement chrétien et qui croit avec ferveur, les messes de Noël sont très attendues, avec de possibles allusions politiques au dernier report d'une semaine des élections.
Lire aussi : Un mois de campagne électorale à KinshasaLa conférence épiscopale (Cenco) a prévu de déployer 40.000 observateurs si les élections ont lieu dimanche.
Au grand marché de Kinshasa lundi, l'affluence est habituelle, tous comme les jérémiades des petits commerçants, qui se battent pour quelques dollars par jour.
Lire aussi : Noël et élections se préparent"Sur toutes les années celle-ci, c'est vraiment la pire", se plaint Tshik Kisilika, vendeur de Pères Noël gonflables.
"Il n'y a pas d'argent"
"Comment voulez-vous que les clients trouvent de l'argent aujourd'hui, il n'y a pas d'argent on ne vend rien", soupire Julie, une bouchère, laissant entendre que l'argent a été englouti dans l'organisation des élections.
Le report des élections, la fin de la campagne électorale sifflée vendredi par la commission électorale et la trêve des confiseurs ont plongé le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne dans un calme étrange.
Les deux principaux candidats de l'opposition, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, se gardent de toute expression publique, soucieux affirment-ils de ne pas céder aux provocations.
Ils ont prévenu qu'un nouveau report au-delà du 30 décembre constituerait une "ligne rouge" à ne pas dépasser.
En apparence, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) continue sa marche forcée vers des élections dimanche.
Lire aussi : Le dimanche, à Goma, c'est le jour des messesFidèle à sa litanie de chiffres quotidienne, la Céni a annoncé samedi qu'elle avait accrédité au total "700.000 témoins, 270.000 observateurs nationaux et internationaux, 1.575 journalistes dont 84 internationaux".
Machines à voter
La Céni est au centre d'un nouvel épisode dans l'interminable polémique sur les "machines à voter": cet écran tactile n'est-il qu'un simple outil pour imprimer les bulletins avant le comptage manuel, ou aussi le support d'un vote électronique?
Dans un entretien à la chaîne TV5 Monde, le rapporteur-adjoint de la Céni a vendu la mèche en affirmant que les machines pouvaient servir à une transmission électronique des résultats, avant de se raviser.
Sur le front diplomatique, un sommet est annoncé mercredi à Brazzaville en présence des chefs d'Etat de deux entités sous-régionales, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
Lire aussi : Les élections officiellement reportées au 30 décembreTenu à l'écart par Kinshasa, le reste de la communauté internationale a continué de publier des communiqués d'une grande prudence face à ce nouveau report.
"Les membres du Conseil de sécurité (des Nations unies) expriment leur espoir que ce report permettra la création des conditions favorables pour les Congolais afin qu'ils s'expriment librement le 30 décembre 2018", ont-ils écrit dans un communiqué.
Les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, les Etats-Unis, le Canada, la Suisse, le Japon et la Corée du Sud ont répété la même chose dans un communiqué conjoint.
Ils ont appelé "tous les acteurs à s'engager pour le succès d'un processus électoral crédible et apaisé qui mènera la RDC à un transfert du pouvoir en conformité avec la Constitution congolaise et l'accord du 31 décembre 2016".
Ces élections présidentielle, législatives et provinciales doivent entre autres désigner le successeur du président Joseph Kabila, qui ne peut pas se représenter d'après la Constitution.
Lire aussi : Suspension de la campagne électorale à KinshasaLes élections avaient été reportées une première fois à la fin du deuxième et dernier mandat de M. Kabila en décembre 2016.
A l'époque, l'accord de la Saint-Sylvestre prévoyait des élections en décembre 2017, finalement renvoyées au 23 décembre 2018, puis au 30.