"Nous allons donner la priorité aux Américains qui travaillent", a déclaré ce maire très à gauche, lors de sa première conférence de presse de candidat à Manhattan. "Je sais que c'est possible car je l'ai fait, ici dans la plus grande et la plus dure ville d'Amérique".
"Beaucoup d'Américains ont du mal à croire au rêve américain actuellement, nous devons le restaurer", a-t-il ajouté, aux côtés de sa femme Chirlane McCray, auteure et figure politique noire, avec en toile de fond la Statue de la Liberté, devenue un symbole anti-Trump.
Il s'est targué de connaître "tous les tours" de Donald Trump, le président américain ayant passé toute sa vie à New York avant d'être élu président.
"Je vais continuer à l'appeler +Don l'escroc+. Tous les New-Yorkais savent reconnaître un escroc", a-t-il déclaré. "Je sais comment le prendre, ça fait des décennies que je le regarde faire".
Lire aussi : Présidentielle américaine : un 21ème candidat vient grossir les rangs des démocratesDonald Trump, attendu jeudi soir dans sa ville natale pour la première fois depuis des mois, a réagi à l'annonce par un tweet qualifiant Bill de Blasio de "pire maire des Etats-Unis" et assurant que "NEW YORK LE DETESTE".
Il a ensuite réitéré ses critiques dans une vidéo, apparemment enregistrée depuis l'avion présidentiel et postée sur Twitter, se disant certain que sa campagne allait tourner court avant de conclure: "Je lui souhaite bonne chance, mais vous feriez mieux de rentrer à New York et de faire votre boulot pour le peu de temps qu'il vous reste!"
- Sondages décourageants -
Des attaques présidentielles bienvenues pour M. De Blasio, qui pourraient aider à augmenter sa notoriété et à lever des fonds, soulignaient jeudi certains commentateurs.
Car pour l'instant, ses ambitions présidentielles ont été accueillies par le mépris, d'autant que le maire arrive tardivement dans une arène démocrate déjà bien remplie.
Bien qu'il ait voyagé ces derniers mois pour tâter le terrain avant de se présenter - notamment dans l'Etat de l'Iowa où il devait faire sa première escale de campagne vendredi - les sondages, dominés jusqu'ici par l'ex-vice-président Joe Biden et le sénateur du Vermont Bernie Sanders, ont été décourageants pour lui.
Une étude publiée début avril par l'université Quinnipiac indiquait que 76% des New-Yorkais ne voulaient pas le voir se lancer dans la bataille.
Mais "le sondage qui compte, c'est l'élection", a martelé jeudi M. de Blasio. "Ce n'est pas là où vous commencez, c'est là où vous finissez".
Marié depuis 1994 à Chirlane McCray, avec qui il a eu deux enfants, il reste populaire dans la communauté afro-américaine. Mais les Hispaniques sont partagés et les Blancs majoritairement critiques de son mandat, même s'il a été facilement réélu pour quatre ans en 2017, faute de grosses pointures pour le concurrencer.
- Proche de Bernie Sanders -
Elu pour en novembre 2013 pour succéder au milliardaire Michael Bloomberg, sur la promesse de réduire les inégalités dans une ville où elles sont souvent flagrantes, cet ex-partisan des Sandinistes du Nicaragua a défendu avant d'autres des positions très à gauche, proches de celles de Bernie Sanders, désormais en vogue chez les démocrates.
Enchaînant les interventions pour son premier jour de campagne, il a égrené les mesures destinées à réduire les inégalités adoptées sous son mandat dans la capitale financière américaine: maternelle gratuite pour tous, couverture santé gratuite pour ceux qui n'en ont pas, relèvement du salaire minimum à 15 dollars de l'heure, lois pionnières pour lutter contre le changement climatique et les émissions des bâtiments.
Et face aux nombreuses arrestations d'immigrés clandestins par l'administration Trump, il a multiplié les mesures pro-migrants, revendiquant l'image de ville-monde de New York.
Outre les 22 autres candidats déjà en lice, le maire va devoir affronter des médias new-yorkais féroces à son égard: ils dénoncent pêle-mêle son absence de résultats tangibles face à la pauvreté, son manque de charisme, ses aller-retour quotidiens dans son ex-fief de Brooklyn pour faire sa gym, ou ses bisbilles avec le gouverneur démocrate de l'Etat, Andrew Cuomo.
La couverture du New York Post, tabloïd qui le déteste depuis toujours, montrait jeudi des gens pliés de rire à l'annonce de sa candidature.
Mais Bill de Blasio rappelle que personne ne croyait à ses chances d'emporter la mairie en 2013.
Alors conseiller municipal méconnu, il avait créé la surprise en recueillant 73% des voix face au républicain Joe Lhota, devenant le premier maire démocrate de New York depuis 1993.
Avec AFP