L'opposition y voit la preuve de la santé défaillante de M. Tinubu, surnommé "le parrain de Lagos" pour son influence politique immense. M. Tinubu est considéré comme l'un des grands favoris de l'élection présidentielle prévue le 25 février. Son parti, l'APC, a balayé ces rumeurs affirmant qu'il était en pleine forme.
Your browser doesn’t support HTML5
La santé des candidats à la présidence est une question sensible au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique. Lors de son premier mandat, l'actuel président Muhammadu Buhari avait passé de longs mois à Londres, où il était soigné pour une maladie qui n'a jamais été dévoilée. En 2010, le président Umaru Yar'Adua est mort durant son mandat des suites d'une longue maladie.
La course à la présidentielle s'annonce serrée avec deux autres candidats qui visent aussi la place de M. Buhari, qui se retire au terme de son deuxième mandat comme le prévoit la Constitution. L'absence de M. Tinubu la semaine dernière lors de la signature d'un accord de paix symbolique avec d'autres candidats n'est pas passée inaperçue, relançant des rumeurs déjà anciennes sur son état de santé.
Vélo d'appartement
Le candidat de 70 ans a cherché à rassurer les Nigérians dimanche, en publiant sur les réseaux sociaux une vidéo de lui en survêtement faisant du vélo d'appartement sur fond de musique Afrobeats. "Nombreux sont ceux qui disent que je suis mort, d'autres que je me retire de la campagne présidentielle. Et bien non (...) voici la réalité: je suis fort et je suis en bonne santé", a-t-il écrit comme légende.
Sur les principales chaînes de télévisions, les responsables du parti au pouvoir se sont succédé pour démentir les rumeurs sur son mauvais état de santé. "Il est en bonne santé (...) Notre homme a eu besoin de quelques jours à l'étranger, car la pression sur lui est un peu trop forte", a déclaré le chef de la campagne de l'APC Ayo Oyalowo sur Channels Televison.
L'APC n'a pas encore lancé officiellement sa campagne, et le programme est en cours de finalisation, a fait valoir un autre responsable de la campagne David Umahi. "Combien de mois avons nous avant l'élection, et pour faire campagne ? Le premier qui commence n'est pas forcément celui qui finit premier", a lancé ce gouverneur de l'Etat de Ebonyi sur la chaine Arise. "Il n'y a aucune raison de s'inquiéter", a-t-il martelé.
Mais son absence aux premiers jours de la campagne passe mal auprès d'une partie de l'opinion publique, qui souligne que le prochain président devra répondre à d'immenses défis, le Nigeria traversant une grave crise économique et étant en proie à une insécurité généralisée.
Sur Twitter, le hashtag #WhereisTinubu (Où est Tinubu) était largement partagé cette semaine. La formule fait écho au hashtag, #WhereisBuhari largement partagé en 2017 par les internautes nigérians au moment où le chef de l'Etat avait disparu de longs mois à Londres pour y recevoir des soins.
"Plus Tinubu est absent, plus cela devient une question importante de cette campagne", souligne à l'AFP l'universitaire nigérian Chidi Odinkalu. "Les problèmes de santé de Tinubu – des épisodes de tremblements observés depuis au moins 2015 suggère qu'il souffre de troubles neurodégénératifs – seront une importante faiblesse pour son camp", écrit le cabinet de conseil Eurasia Group dans une note publiée fin septembre.
Âgés de 70 et 75 ans
La campagne d'Atiku Abubakar, le candidat du principal parti d'opposition, le PDP, "exploitera cette faiblesse de manière agressive et cherchera à dépeindre Tinubu comme un vieil homme frêle sur le point d'avoir un problème de santé majeur", selon Eurasia.
Lui même âgé de 75 ans, M. Abubakar se présente à la magistrature suprême pour la cinquième fois. Cet ancien vice-président mise sur son expérience à la tête de l'Etat et comme homme d'affaires pour "sauver" le Nigeria, dit-il. Cette semaine, il a publié une vidéo de lui en train de danser, censée montrer sa vitalité.
Dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans, M. Abubakar et M.Tinubu sont considérés par certains jeunes Nigérians comme des politiciens de la vieille garde qui n'offrent pas grand-chose de nouveau, selon des analystes. Cela pourrait ouvrir la voie à Peter Obi, 61 ans, du Parti travailliste, pour contester la longue domination de l'APC et du PDP.
Le PDP a été au pouvoir depuis le retour de la démocratie en 1999 après des décennies de dictatures militaires, jusqu'à ce qu'il soit évincé par l'APC en 2015.