Le général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé il y a trois ans par l'armée chef de l'Etat à la mort de son père Président depuis plus de 30 ans, a recueilli 61,03% des suffrages dès le premier tour au scrutin du 6 mai, selon les résultats officiels provisoires. Succès Masra, le Premier ministre nommé en janvier par Déby, crédité de 18,53% des voix officiellement, a affirmé, lui, qu'il avait au contraire remporté l'élection et demandé au Conseil constitutionnel d'annuler un scrutin aux résultats "falsifiés" selon son parti.
Lire aussi : Tchad : le parti de Succès Masra demande l’annulation des résultats de la présidentielle"L'UE prend note (...) de la publication des résultats provisoires" et "ne peut que déplorer la non-accréditation d'un nombre important d'observateurs de la société civile à la veille du scrutin", lit-on dans un communiqué du département des Affaires étrangères de l'UE. L'Union "s'inquiète également des violences post-électorales", sans en préciser la nature.
Des médias tchadiens ont invoqué des "morts" et de nombreux "blessés" par des "tirs de joie" des militaires à l'annonce des résultats jeudi soir mais le gouvernement a refusé d'en livrer le nombre et interdit aux hôpitaux de le faire, invoquant "le respect du secret médical". L'armée avait été déployée très massivement dans la capitale N'Djamena à l'annonce des résultats.
L'opposition, violemment réprimée, parfois dans le sang, et dont les candidats les plus dangereux pour M. Déby avaient été écartés de la course présidentielle, avait appelé à boycotter un scrutin destiné, selon elle, à "perpétuer une dynastie Déby" de 34 ans. Yaya Dillo, cousin et plus farouche rival de Déby pour la présidentielle, avait été tué fin février par des militaires dans l'assaut du siège de son parti. "Assassiné" d'une "balle à bout portant dans la tête", selon son parti.
Des ONG internationales avaient dénoncé la répression de toute opposition et émis des doutes sur la "crédibilité" d'une élection qu'elles jugeaient jouées d'avance en faveur de Déby, proclamé Président de transition le 20 avril 2021 par une junte de 15 généraux à la mort de son père, Idriss Déby Itno. Ce dernier avait été tué par des rebelles en se rendant au front après avoir dirigé le Tchad d'une main de fer plus de 30 ans.