"La confiance est toujours là, mais c'est Dieu qui va décider et le peuple comorien. C'est les prières qu'on fait tous les jours, pour qu'on gagne au premier tour. On gagne du temps, on gagne de l'argent", a-t-il déclaré expéditif à l'AFP, après avoir voté dans sa ville natale de Mitsudje, près de la capitale Moroni. Rejetant les accusations d'irrégularités constatées dès l'ouverture du scrutin par l'opposition, qui craint "un hold-up électoral", le président sortant a déclaré "ne pas être au courant".
Lire aussi : Présidentielle comorienne : Azali brigue un 3e mandatEn 2019, Azali, qui a fait emprisonner ou poussé à l'exil nombre de ses opposants, avait été réélu avec 60% des voix au premier tour mais les résultats avaient été contestés. Ajoutant qu'"il faut des preuves", le chef d'Etat a mis la faible mobilisation des électeurs sur le compte du "mauvais temps".
A Moroni sous une pluie battante, ni files d'attente, ni foule d'électeurs enthousiastes devant les bureaux de vote, qui ont aussi ouvert au compte-gouttes, après 07H00 (04H00 GMT), sur les trois îles de l'océan Indien (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) composant le pays pauvre de 870.000 habitants.
Dans plusieurs bureaux de la capitale, les assesseurs attendaient l'arrivée des isoloirs à l'heure prévue d'ouverture. "Les bureaux ont commencé généralement avec du retard", a souligné auprès de l'AFP une observatrice de l'Union africaine sur place.
Vote défavorable "bloqué"
A Ntsoudjini, fief d'un candidat de l'opposition à une dizaine de kilomètres de la capitale, les électeurs ne pouvaient toujours pas déposer leur bulletin en fin de matinée.
"Le vote n'a toujours pas commencé au motif qu'il n'y avait pas de voiture pour acheminer le matériel électoral. En fait, ils bloquent le vote parce que le gouvernement sait que c'est une localité farouchement opposée à Azali", a accusé le candidat Mouigni Baraka Saïd Soilihi, joint par l'AFP. "Nos assesseurs sont empêchés d'accéder aux bureaux de vote à Anjouan", fief de l'opposition, a aussi dénoncé dans la matinée Djaffar El Mansoib, du parti d'opposition Juwa.
Cette semaine, l'opposition avait déjà dénoncé des irrégularités dans l'organisation du scrutin, notamment la publication des listes électorales et la composition des membres des bureaux de vote. Les bureaux restent ouverts jusqu'à 18H00 (15H00 GMT). Quelque 340.000 électeurs doivent choisir entre six candidats. Gendarmes, police et armée sont déployés.
"Il y a des pays où des gens naissent et meurent sans voir un scrutin. Nous avons la chance d'avoir des élections", a noté auprès de l'AFP Assnawi Mohamed, technicien de 41 ans venu voter. Arrivé une première fois par un coup d'Etat en 1999 à la tête du pays qu'il dirige d'une main de fer, le colonel Azali est retourné au pouvoir en 2016.
Il a vanté pendant sa campagne la construction de routes et d'hôpitaux. "Azali, architecte des Comores de demain", assurent des affiches placardées dans les rues de ce micro-Etat, qui élit aussi dimanche ses gouverneurs. Mais dans l'archipel où 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où le quotidien est affligé de coupures d'eau, d'électricité, ainsi que d'une hausse dramatique des prix de l'alimentation, le bilan du président sortant est souvent critiqué.
Pendant la campagne, l'équipe présidentielle a été rudement chassée de plusieurs localités. S'il était réélu, Azali resterait au pouvoir jusqu'en 2029. En 2018, il avait fait passer une réforme constitutionnelle permettant une plus grande centralisation des pouvoirs par l'exécutif. L'opposition accuse les institutions de collusion avec le pouvoir.
De nombreux Comoriens vivent à l'étranger et notamment en France, où la diaspora est estimée à environ 300.000 personnes. La justice comorienne a rejeté l'an dernier un recours réclamant que le droit de vote de la diaspora soit garanti. Les résultats du premier tour doivent être publiés la semaine prochaine.