"Il y a lieu de le déclarer élu dès le premier tour", a annoncé la plus haute juridiction de l'archipel de l'océan Indien, précisant que "sont déclarées irrecevables les demandes en annulation de l'élection présidentielle".
Lire aussi : Présidentielle aux Comores: Washington demande de la transparencePlusieurs candidats de l'opposition avaient déposé des recours. Mais "les irrégularités invoquées sont formulées dans la généralité sans que des éléments de preuves soient produits", a estimé la Cour. L'opposition a déclaré lors d'une conférence de presse organisée avant la proclamation de la Cour qu'en cas de confirmation de la victoire d'Azali, elle "ne reconnaîtra pas les résultats".
Arrivé à la tête du pays une première fois en 1999 par un coup d'Etat, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016, avant d'être réélu en 2019. Lors du récent scrutin, il a officiellement obtenu 57,2% des voix, affirme mercredi la Cour. Il rempile pour un troisième mandat consécutif, qui lui permet de rester au pouvoir jusqu'en 2029.
Les résultats provisoires annoncés le 16 janvier par la commission électorale lui accordaient 62,97% des voix. Cette annonce a été suivie de heurts dans la capitale Moroni pendant les deux jours qui ont suivi.
Dans les ruelles du centre, des groupes de jeunes hommes, le visage souvent dissimulé, ont jeté des pierres en direction des forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Une personne a été tuée et six blessées, selon les services d'urgence de l'hôpital de la ville.
Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés: la maison d'un ministre, des locaux d'une entreprise d'Etat, un entrepôt de riz. Certains ont déchiré des affiches électorales du président réélu, et des barrages de fortune faits d'amas de pierres et de bouts de bois ont été dressés en travers des routes.
"Détentions abusives"
Un couvre-feu nocturne a été instauré pendant cinq jours, une mesure propre à "une vraie dictature féroce et sauvage", selon l'opposition. La connexion internet est régulièrement perturbée depuis plusieurs jours.
Le gouvernement a confirmé que des arrestations ont eu lieu, sans donner de chiffre. "Plus de 200 jeunes" sont encore retenus par la police, selon l'opposition, qui dénonce des "détentions abusives". La contestation est rare dans ce pays tenu d'une main de fer et toute dissidence généralement rapidement étouffée.
L'opposition a déclaré ne pas être à l'origine de ce qu'elle a qualifié de soulèvement "spontané", tout en saluant "le courage de ces jeunes". Les candidats de l'opposition à la présidentielle avaient appelé à une "journée nationale de protestation" vendredi, mais l'appel est resté lettre morte. Et Moroni, placée sous forte surveillance des forces de l'ordre, vit ces derniers jours dans une relative accalmie.
La commission électorale avait donné la semaine dernière un chiffre de la participation exceptionnellement bas à la présidentielle, à 16%. Selon ces chiffres provisoires, près de 55% des 340.000 électeurs inscrits avaient en revanche voté pour choisir les gouverneurs des trois îles (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) qui composent le pays, lors d'un scrutin qui s'est tenu simultanément.
L'opposition avait vu dans cette "impossible" disparité la démonstration d'"une grossière fraude". Les cinq candidats rivaux du président réélu avaient par ailleurs affirmé avoir constaté des irrégularités flagrantes, notamment des "bourrages d'urnes". Le taux de participation à la présidentielle a finalement été revu fortement à la hausse, à 56%, selon la Cour suprême mercredi.
L'ambassade américaine aux Comores avait appelé la semaine dernière les autorités comoriennes à "clarifier" les résultats de la présidentielle. L'Union européenne s'est dite "préoccupée par les informations faisant état de violence post-électorale", appelant au respect des libertés d'expression et de manifestation.