Le chef de l'Etat, 64 ans, élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba – qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans – et réélu en 2016, n'a pas encore annoncé sa candidature. Mais son tout puissant Parti Démocratique Gabonais (PDG), qui domine massivement le parlement, l'appelle son "candidat naturel" et M. Bongo mène depuis plusieurs mois une intense tournée dans tout le pays qui laisse peu de place au doute.
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L'opposition, quant à elle, avance en ordre très dispersé, avec une quinzaine de personnalités ayant déjà annoncé leur intention de se présenter et d'autres, dont des ténors, qui n'en font pas mystère. Si ses opposants ne surmontent pas leurs divisions dans les deux mois à venir avant l'élection, M. Bongo, au pouvoir depuis près de 14 ans, partira largement favori pour décrocher un troisième mandat dans un scrutin à un tour, qui décidera donc du vainqueur à la majorité relative dans ce petit Etat d'Afrique centrale riche notamment en pétrole.
Un décret pris en Conseil des ministres a annoncé la "convocation du collège électoral pour l’élection du Président de la République, des Députés à l’Assemblée Nationale et des Membres des Conseils Départementaux et des Conseils Municipaux (...) le samedi 26 août 2023". Il fixe la date limite de dépôt des candidatures pour les trois élections au 11 juillet et la campagne électorale officielle, pour la présidentielle, s'étalera du 11 août à 00h00 au 25 août à minuit.
Violences en 2016
En 2016, M. Bongo avait été réélu de justesse, avec 5.500 voix d'avance sur l'opposant Jean Ping, qui avait dénoncé une élection truquée. L'annonce des résultats avait déclenché des violences dans la capitale, Libreville, qui avaient fait au moins cinq morts (quatre civils et un policier) selon le gouvernement, mais une trentaine, tués par balles par les forces de l'ordre, selon l'opposition.
Un AVC en octobre 2018 avait laissé M. Bongo de longs mois éloigné de la scène politique et une partie de l'opposition continue, quatre ans et demi après, de mettre en doute sa capacité physique à diriger le pays. La majorité, elle, dénonce des campagnes centrées essentiellement sur la santé du chef de l'Etat et "sans aucun autre programme".
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Ali Bongo, qui souffre encore de rigidités à une jambe et un bras, se meut avec difficulté, mais il a multiplié ces derniers mois, a un rythme soutenu, les "tournées républicaines" dans tout le pays et a participé à divers sommets internationaux ou visites officielles à l'étranger. Cela fait 55 ans que le pays est dirigé par la famille Bongo et l'opposition dénonce régulièrement un "pouvoir dynastique".
En février un forum de concertation politique, boudé par les principaux leaders de l'opposition, a abouti à une modification de la Constitution faisant notamment repasser le scrutin à tour unique et réduisant la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Les opposants de M. Bongo ont dénoncé un "tripatouillage" destiné, à cinq mois des élections, à faciliter sa réélection à une majorité relative.
Opposition divisée
A ce jour, 15 à 20 personnes ont annoncé publiquement leur intention de se présenter. Ce n'est encore pas le cas de certains des plus farouches opposants, comme Alexandre Barro Chambrier du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), ancien ministre des Bongo père et fils.
Une autre figure importante de l'opposition, Paulette Missambo, présidente de l'Union nationale (UN) et qui fut ministre d'Omar Bongo, ne cache pas ses intentions et a déclaré sa candidature à la candidature au sein d'une coalition, Alternance 2023, tout comme d'autres ténors de l'opposition qui en font partie.
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Le Gabon est l'un des pays les plus riches d'Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son bois et son manganèse notamment, et une faible population, quelque 2,3 millions d'âmes. Il est parmi les tout premiers producteurs d'or noir d'Afrique subsaharienne, et cette ressource représente 38,5% de son PIB et 70,5% des revenus de ses exportations.
Mais l'économie, que le pouvoir ne parvient pas à diversifier suffisamment malgré des progrès importants ces dernières années pour développer des filières de production locale, dépend encore trop fortement des hydrocarbures. "Malgré son potentiel économique, le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive", "un tiers de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté", analysait la Banque mondiale en 2022.