Les Djiboutiens votent vendredi pour élire leur président, un scrutin où le sortant Ismaël Omar Guelleh, inamovible leader de ce petit pays stratégique de la Corne de l'Afrique, se présente pour un cinquième et, théoriquement, dernier mandat.
Quelque 215.000 électeurs inscrits (sur une population totale de 990.000 personnes) pourront se rendre dans les bureaux de vote de 06H00 à 19H00 (03H00 GMT à 16H00 GMT) pour départager les deux candidats en lice.
Jeudi, dans la torpeur de l'après midi, les habitants de Djibouti-ville semblaient plus préoccupés par le retard de la livraison quotidienne de khat - une plante euphorisante consommée dans la région - que par l'imminence d'une élection où le président sortant est assuré de gagner.
M. Guelleh, 73 ans, est au pouvoir depuis 22 ans dans ce pays qu'il dirige d'une main de fer et dont il a su exploiter la position stratégique, aux confins de l'Afrique et de l'Arabie.
Au cours de la campagne électorale, ses meetings ont rassemblé des milliers de sympathisants, masqués ou non, malgré une vague d'infections au Covid-19, avec actuellement près de 200 cas quotidiens et 23% de positivité des tests.
Face à lui, le seul autre candidat s'appelle Zakaria Ismail Farah, 56 ans, un homme d'affaires fraîchement débarqué en politique et qui n'a tenu que quelques timides rassemblements de campagne.
En l'absence des leaders historiques de l'opposition, qui boycottent le scrutin, les chances de cet inconnu du grand public sont maigres face à "IOG", qui a remporté avec plus de 75% des voix chaque présidentielle à laquelle il a participé.
Dans la capitale, qui accueille la majorité des habitants et des 529 bureaux de vote du pays, même les affiches de campagne, de la majorité comme de l'opposition, se font rares, là même où elles étaient omniprésentes en 2016 pour le précédent scrutin.
"Aider la jeunesse"
Les quatre premiers mandats de M. Guelleh ont été marqués par un exercice du pouvoir autoritaire laissant peu de place à la contestation ou à la liberté de la presse, mais aussi par un développement de l'économie, reposant sur l'essor des ports et des structures logistiques.
Le président a contribué à faire de ce territoire désertique, situé face à l'une des voies maritimes les plus empruntées au monde, un carrefour commercial à travers lequel transitent l'essentiel des biens importés par son voisin éthiopien, un géant sans accès à la mer.
Entouré par une poignée de pays parmi les plus dangereux de la planète, dont la Somalie et le Yémen, Djibouti accueille également des bases militaires étrangères: France, Japon, Etats-Unis et, depuis peu, Chine.
Dans la bouche de ses partisans, comme Mohamed Assad, 23 ans, la construction des différents ports du pays, dont trois ont été inaugurés au cours du mandat qui s'achève, revient régulièrement au crédit du chef de l'Etat.
"Mais je vous demande Monsieur le Président d'aider la jeunesse, pour avoir un grand futur, je demande une aide pour ceux qui sont comme moi", ajoutait mercredi ce jeune homme sans emploi, en marge de l'ultime rassemblement pro-Guelleh, dans un stade rempli de plus de 20.000 personnes.
La croissance djiboutienne, qui devrait atteindre +7% en 2021 après une récession en 2020 liée au Covid-19, bénéficie peu à la population, touchée à 21,1% par la pauvreté extrême, selon des données 2017 de la Banque mondiale.
En vertu de la Constitution, qui n'autorise pas les candidats de plus de 75 ans à se présenter à l'élection présidentielle, ce scrutin devrait être le dernier pour le président, qui aura dépassé cet âge limite en 2026.
Les résultats de l'élection sont attendus dans la nuit de vendredi à samedi.