Les Malgaches se rendent aux urnes le 9 novembre pour choisir leur prochain président et leurs gouverneurs et à moins de deux mois du scrutin, les préparatifs sur la grande île de l'océan Indien se déroulent dans un climat tendu.
Treize candidats sont en lice, dont le président sortant Andry Rajoelina, 49 ans. Ce dernier avait pris le pouvoir en 2009 à la faveur d'un coup d'Etat qui avait chassé l'ex-président Marc Ravalomanana, candidat au scrutin de novembre. Interdit de se présenter par la communauté internationale en 2013, Andry Rajoelina avait été élu en 2018.
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"Les présents signataires, partenaires internationaux de Madagascar, suivent avec la plus grande vigilance les derniers développements relatifs à la préparation de l'élection présidentielle", écrivent dans un communiqué commun l'UE, la représentation de l'Organisation internationale de la francophonie pour l'océan Indien et les ambassades des Etats-Unis, de France, d'Allemagne, de Suisse, du Royaume-Uni et du Japon.
"La confiance dans ce processus est un élément fondamental pour l'acceptation par tous du résultat du scrutin et pour garantir la stabilité de Madagascar", soulignent les signataires, appelant à un scrutin "transparent, fiable, inclusif et apaisé". Les représentations diplomatiques rappellent également leur attachement au "droit de réunion et de manifestation pacifiques".
La semaine dernière, dix candidats au scrutin, dans l'opposition, ont dénoncé "un coup d'Etat institutionnel" orchestré selon eux par M. Rajoelina, après une série de décisions de justice qui favoriserait le président sortant en vue de l'élection.
"Débats stériles"
Le 9 septembre, conformément à la Constitution en période électorale, M. Rajoelina a cessé d'exercer le pouvoir. L'intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat, mais celui-ci a refusé, invoquant des "raisons personnelles".
Lire aussi : Madagascar : le président Rajoelina candidat à sa réélectionLa Haute cour constitutionnelle a nommé un "gouvernement collégial" dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, un proche du chef de l'Etat, une décision prise, selon elle, pour éviter une vacance du pouvoir exécutif. Le même jour, la plus haute juridiction du pays a rejeté trois recours déposés par des partis d'opposition réclamant l'invalidation de la candidature d'Andry Rajoelina "pour défaut de nationalité malgache".
Fin juin, des informations divulguées dans la presse ont dévoilé que le président a été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays. Les requérants, jugés irrecevables par la Haute cour, affirmaient que, selon le code de la nationalité malgache, Andry Rajoelina, devenu Français, avait perdu sa nationalité malgache et ne peut dès lors ni se présenter à une élection, encore moins diriger le pays.
La désignation d'un gouvernement collégial avec le Premier ministre à sa tête et le rejet des trois recours ont suscité la colère de dix des 13 candidats à la présidentielle. "Le pouvoir (...) a opéré un véritable coup d'Etat institutionnel dans le but de mettre le Premier ministre aux commandes de l'Etat pendant la période électorale présidentielle afin d'en manipuler les résultats au profit de leur candidat", ont-il dénoncé dans un communiqué commun le 12 septembre.
Interrogée par l'AFP, la porte-parole du gouvernement collégial a relevé que l'UE et les Etats-Unis soulignaient dans leur communiqué "l'importance du respect de la Constitution et du calendrier électoral". "Ce qui rejoint le discours constant du gouvernement réitérant que la seule option possible c'est les élections (...) Donc pour le gouvernement, les débats stériles sur la mise en place d'une transition ou encore d'un gouvernement de consensus réclamés sans aucune raison par l'opposition sont clos", a déclaré Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo.
Lundi, 40 organisations de la société civile malgache ont demandé à la Haute cour constitutionnelle, dans un communiqué, de "revenir sur sa décision" et de nommer à la tête du gouvernement collégial le président du Sénat, appelé pour sa part à "prendre ses responsabilités". Un second tour de l'élection présidentielle est prévu le 20 décembre si aucun candidat ne recueille plus de 50% des voix au premier tour.