Pyongyang et Téhéran auraient repris une coopération en matière de missiles, selon l'ONU

Des équipements militaires sont exposés lors d'un défilé militaire pour commémorer le 8ème Congrès du Parti du Travail à Pyongyang, Corée du Nord, le 14 janvier 2021, sur cette photo fournie par l'Agence centrale de presse de Corée du Nord (KCNA).

La Corée du Nord et l'Iran auraient repris en 2020 une coopération en matière de développement de missiles à longue portée, affirme un rapport de l'ONU, confirmant aussi que Pyongyang continue de violer les résolutions onusiennes dans le domaine nucléaire.

Dans ce document annuel d'experts de l'ONU remis lundi au Conseil de sécurité et auquel a eu accès l'AFP, Téhéran dément une telle coopération rapportée par un pays non identifié. Ces experts sont chargés du contrôle des multiples sanctions imposées à Pyongyang pour l'obliger à suspendre ses programmes d'armement nucléaire et balistique.

En 2020, "le groupe a continué d'enquêter sur les allégations concernant la coopération entre la Corée du Nord et l'Iran en matière de missiles balistiques", écrivent les experts dans leur rapport.

"Selon un État membre, la Corée du Nord et l'Iran ont repris leur coopération sur des projets de développement de missiles à longue portée. Cette reprise de la coopération aurait inclus le transfert de pièces essentielles, l'expédition la plus récente associée à cette relation ayant eu lieu en 2020", ajoutent-ils.

Dans une réponse datant de décembre 2020 à des questions posées par les experts, l'Iran estime que "de fausses informations et des données fabriquées peuvent avoir été utilisées dans les enquêtes", précisent les experts dans leur rapport.

Mais pour ces derniers, nul doute est permis sur les activités nord-coréennes interdites par les Nations unies. "Au cours de la période considérée, la Corée du Nord a maintenu et développé ses programmes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", affirment-ils.

En 2020, la Corée du Nord a annoncé "préparer des essais et la production de nouvelles têtes de missiles balistiques et le développement d'armes nucléaires tactiques", soulignent-ils.

Pyongyang "a produit des matières fissiles, entretient des installations nucléaires et modernise son infrastructure de missiles balistiques". Le pays "a continué à rechercher du matériel et de la technologie pour ces programmes à l'étranger", font notamment valoir les experts.

Barils ou tonnes ?

Le groupe de l'ONU indique par ailleurs avoir "enquêté sur des cas d'acquisition de navires par la Corée du Nord, de vente de droits de pêche et d'exportation continue de charbon en violation des sanctions".

Évoquant un possible effet de la fermeture des frontières due à la pandémie de Covid-19, les experts cependant "notent que les expéditions de charbon semblent avoir été largement suspendues depuis fin juillet 2020".

Concernant le pétrole raffiné, dont l'importation en Corée du Nord est limitée par les sanctions onusiennes à 500.000 barils par an, le groupe indique avoir continué à enquêter sur des livraisons illicites à Pyongyang.

"Livraisons directes" et "transferts de navire à navire" se sont poursuivis, selon eux. "Selon les calculs reçus d'un Etat membre couvrant la période du 1er janvier au 30 septembre, en 2020, ces expéditions illicites ont dépassé de plusieurs fois le plafond annuel global de 500.000 barils", indiquent les experts.

L'an dernier, comme l'année précédente, les Etats-Unis avaient assuré, chiffres et photos satellites à l'appui, que les quotas accordés à la Corée du Nord de Kim Jong Un avaient été largement dépassés.

Lors de discussions, la Chine et la Russie, principaux soutiens de la Corée du Nord, avaient rejeté les accusations américaines. Ces deux pays évaluent dans leurs rapports à l'ONU les importations de pétrole raffiné par Pyongyang en tonnes et non en barils.

L'an dernier, l'Allemagne, qui était membre non permanent du Conseil de sécurité avait échoué à faire accepter à Pékin et Moscou un taux de conversion commun à l'ensemble de l'instance.

La recherche d'un compromis dure depuis trois ans et empêche l'ONU de déterminer de manière unanime si le cap des 500.000 barils est ou non atteint, avait déploré Berlin, en parlant d'une perte de "crédibilité" pour l'ONU comme pour le comité de sanctions chargé du dossier nord-coréen et auquel sont rattachés les experts onusiens.