A trois semaines des élections présidentielle et législatives dans le pays le plus peuplé d'Afrique, la frustration est grande chez les Nigérians qui peinent à se procurer de l'argent liquide après l'introduction fin 2022 de nouveaux billets. Ils sont en effet déjà confrontés à des pénuries d'essence et des délestages fréquents.
Lire aussi : L'épouse du gouverneur de la Banque centrale brièvement enlevée au Nigeria"Le gouverneur (de la Banque centrale), M. Godwin Emefiele, a ordonné aux banques de dépôt de payer les nouveaux billets de nairas aux guichets dans la limite quotidienne de 20.000 nairas (40 euros)", a indiqué le porte-parole Osita Nwanisobi.
Partout au Nigeria, notamment dans la mégapole Lagos et dans la capitale Abuja, de nombreuses personnes attendent pendant des heures devant les très rares distributeurs délivrant les nouveaux billets.
De quoi alimenter l'exaspération des Nigérians, dont la majorité vit dans la pauvreté et dépend de l'économie informelle, où l'argent liquide reste incontournable. Des émeutes ont notamment éclaté cette semaine à Kano, plus grande ville du nord du pays.
En octobre, la Banque centrale avait annoncé, sans prévenir, changer les billets de banque (notamment leur couleur), et décidé que les anciens billets ne seraient plus valables le 31 janvier, soit 25 jours avant l'élection présidentielle.
Ce calendrier est très critiqué au Nigeria, où les périodes pré-électorales sont déjà synonymes de souffrance pour les Nigérians. L'activité économique y est ralentie, les pénuries de carburant plus importantes qu'à l'accoutumée, et l'insécurité grandissante.
Face à la pression populaire, les autorités ont repoussé la date au 10 février, précisant qu'il y aurait une période de grâce de sept jours après la date limite pour déposer les anciens billets à la banque centrale.
La CBN impute la pénurie notamment à un nombre significatif de personnes "stockant" et "accumulant" les nouveaux billets qu'ils obtiennent en retirant "en série" dans les distributeurs automatiques.
Les nouveaux billets, selon la CBN, visent à réduire le volume d'argent en dehors du système bancaire pour optimiser les politiques monétaires, lutter contre la contrefaçon de monnaie et compliquer les paiements de rançons aux kidnappeurs dans ce pays miné par les enlèvements.