Les hommes d'affaires Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi et Nejib Ben Ismaïl ainsi que le responsable douanier Ridha Ayari ont été arrêtés mardi en vertu de l'état d'urgence", en vigueur dans le pays depuis novembre 2015, a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
"Ils sont impliqués dans des affaires de corruption et soupçonnés de complot contre la sûreté de l'Etat par leur incitation et le financement présumé de mouvements de protestation à El-Kamour et dans d'autres régions", selon lui.
La vaste région de Tataouine, où se trouve le complexe pétrolier d'El-Kamour, a été le théâtre de violents troubles sociaux ces derniers jours. Un sit-in organisé depuis plusieurs semaines, sur la base de revendications sociales, à proximité de ce site énergétique a dégénéré en heurts lundi.
Un manifestant a été tué -"accidentellement" selon les autorités- par un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie) et les violences ont gagné la préfecture de Tataouine (500 km au sud de Tunis), à deux heures de route du site pétrolier d'El-Kamour. Plusieurs dizaines de personnes, dont une vingtaine de membres des forces de l'ordre, ont été blessées. Les postes de la police et de la gendarmerie de Tataouine ont été incendiés, et une information judiciaire a été ouverte.
Le calme est ensuite revenu aussi bien à Tataouine qu'à El-Kamour, tandis que les autorités ont mis en garde contre un risque d'escalade dans un pays marqué par plusieurs épisodes de troubles sociaux depuis sa révolution de 2011.
Interpellés à Tunis, Chafik Jarraya et Yassine Chennoufi -un ex-douanier et candidat indépendant à la présidentielle de 2014- sont des personnalités en vue, et ces arrestations ont fait sensation.
Aussi discret que tonitruant, ce coup de filet intervient par ailleurs quelques jours après le témoignage édifiant d'un ancien membre éminent du clan de l'ancien dictateur Zine El Abidine Ben Ali sur les pratiques de corruption en Tunisie.
Lors d'une audition publique vendredi de l'Instance vérité et dignité, chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme du passé, Imed Trabelsi a décrit un système bien huilé grâce à la complicité de douaniers, de hauts fonctionnaires et de ministres.
Sur la situation actuelle, "il y a eu une révolution (en 2011) mais rien n'a changé à ma connaissance. J'ai mes échos et le même système (de corruption) est encore opérationnel", a-t-il avancé. Dans la foulée, les autorités ont annoncé l'ouverture d'une enquête.
Avec AFP