Quatre personnes condamnées pour détournement d'indemnités des victimes des déchets toxiques

Le président de la cour d'assise d'Abidjan

Quatre personnes accusées d'avoir détourné des millions d'euros destinés à indemniser des victimes des déchets toxiques du cargo Probo Koala déversés à Abidjan en 2006 ont été condamnées mardi à 20 ans de prison par la justice ivoirienne, mais laissées en liberté, selon leurs avocats.

Les quatre prévenus, qui faisaient partie d'une association de défense de victimes des déchets toxiques, ont été condamnés pour avoir détourné 4,65 milliards de francs CFA (plus de 8.2 millions de dlrs).

"C'est une peine symbolique. (...) L'impunité est encore consacrée", a déploré Me Pierre Tanoh, l'avocat d'un plaignant.

"La décision n'est pas juridiquement fondée, c'est une décision politique", a poursuivi l'avocat, interrogé par l'AFP,

Les 8.2 millions de dlrs, prélevés sur les indemnités versées par la multinationale Trafigura, affréteur du navire chargé de déchets, était destinée à indemniser 6.000 victimes.

La banque nigériane Access bank, par où l'argent a transité a de son côté été condamnée à payer une amende de 21 milliards de FCFA (environ 32 millions d'euros).

Les quatre condamnés "ont été déclarés non coupables de faux et usage de faux mais coupables d'abus de confiance et de blanchiment", a expliqué à l'AFP Me Zika Tapé, qui défend l'un d'entre eux.

"20 ans ferme mais pas de mandat de dépôt : c'est une décision infamante. Elle ne peut pas être symbolique", a-t-il vitupéré, regrettant que l'"honorabilité" de son client soit entachée.

Les deux avocats ont fait part de leur décision de faire appel.
Le déversement de résidus toxiques du cargo Probo Koala à Abidjan en août 2006 avait causé la mort de 17 personnes et des milliers d'intoxications, selon la justice ivoirienne. Trafigura a toujours nié qu'il ait provoqué décès et maladies graves.

La justice ivoirienne avait déjà rendu en septembre 2013 une décision similaire dans un autre procès fameux, celui du café/cacao. Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, avaient écopé de peines de 20 ans de prison, déjà non assorties de mandats de dépôts.L'ampleur de leurs malversations était évaluée à 540 milliards de francs CFA (824 millions d'euros) par la Cour pour la période 2002-2008, selon l'un de leurs avocats.