Mais des combats à l'arme lourde début juillet dans la capitale entre forces loyales à M. Kiir et celles fidèles à M. Machar, marqués par des viols, meurtres et pillages, ont radicalement changé la donne et mis en péril un fragile accord de paix censé tourner la page d'une guerre civile dévastatrice débutée fin 2013.
Les combats ont contraint Riek Machar à fuir Juba, puis le pays, et l'ex-chef rebelle a depuis été remplacé au poste de vice-président. Le Soudan du Sud est désormais suspendu au déploiement d'une force africaine de protection, en soutien à la mission de l'ONU. Un projet toujours contesté par le gouvernement à Juba.
L'accord de paix est-il mort ?
L'accord de paix signé en août 2015, après 18 mois de combats ayant fait des dizaines de milliers de morts, est plus que jamais menacé. Riek Machar, signataire de cet accord, a été contraint à l'exil et a été remplacé au poste de vice-président par Taban Deng, un membre influent de l'ex-rébellion (SPLM/A-IO) et ancien allié de M. Machar.
La nomination de Taban Deng par Salva Kiir n'a pas été reconnue en dehors de Juba, ni par la communauté internationale, ni par les rebelles restés fidèles à Riek Machar.
Toutefois, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a récemment affirmé que "le remplacement de personnel durant la transition est permise dans le cadre de l'accord".
Où est Riek Machar ?
Riek Machar a fui Juba à pied à la suite des combats de juillet et a réapparu en République démocratique du Congo le 18 août. Il s'est ensuite envolé pour Khartoum où il a été hospitalisé quelques jours, notamment pour être soigné à la jambe.
Ses proches affirment qu'il souhaite se remettre politiquement en selle au plus vite et entend effectuer une tournée dans les pays de la région.
Qui soutient encore Riek Machar ?
Défaits militairement à Juba, les ex-rebelles sont désormais divisés. Si Taban Deng bénéficie du soutien du président Kiir et d'une faction du SPLM/A-IO dans la capitale, Machar aurait toujours, pour le moment, le soutien des forces armées et les leaders du SPLM/A-IO en dehors de Juba.
"Tant qu'il est en vie, Machar reste un leader influent", souligne James Okuk, spécialiste en Sciences politiques à l'université de Juba.
Le bloc régional est-africain (Igad) souhaite que M. Deng se retire en cas de retour de M. Machar à Juba. Mais une absence prolongée de ce dernier pourrait permettre à son rival de légitimer sa position.
Et les analystes estiment que la fusion des contingents loyalistes et ex-rebelles, récemment promise par Salva Kiir, permettrait à la fois de priver M. Machar de ses hommes et de mettre en oeuvre un des volets clés de l'accord de paix.
Riek Machar peut-il revenir à Juba ?
Salva Kiir s'est employé dernièrement à marginaliser Riek Machar. Cinq ministres et 25 députés favorables à M. Machar ont été évincés au profit d'alliés de Taban Deng. Ce dernier a de son côté rapidement entrepris des visites officielles au Kenya et au Soudan.
De même, le gouvernement sud-soudanais a promis début août la mise en oeuvre prochaine de certains points cruciaux de l'accord de paix, dont l'organisation d'élections et la fusion des armées.
Le futur de Machar en tant que leader influent semble dès lors entre les mains de la communauté internationale, qui devra déterminer si elle accepte un processus sans un des signataires de l'accord de paix.
La force de protection de l'ONU va-t-elle être déployée ?
Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé le 12 août l'envoi d'une "force de protection" au Soudan du Sud afin de renforcer l'actuelle mission de l'ONU dans le pays (Minuss), très critiquée pour son incapacité à protéger les civils en juillet.
Riek Machar a indiqué qu'il ne rentrerait à Juba que lorsqu'une telle force y serait déployée, mais le gouvernement sud-soudanais est hostile à l'envoi de Casques bleus supplémentaires, estimant qu'un déploiement selon les termes actuels violerait sa souveraineté.
Juba souhaite de plus amples discussions sur le mandat de cette mission. En cas d'échec des discussions, le Conseil de sécurité, qui doit se rendre prochainement à Juba, à d'ores et déjà menacé d'imposer un embargo sur les armes.
Avec AFP