Les opposants Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Floribert Anzuluni n'ont toutefois pas appelé à des rassemblements ou des marches, mais demandé "à chacun, là où il est, de manifester son mécontentement, de se lever et de dire non". Une manifestation avait été envisagée dès le 27 décembre à Kinshasa par l'opposition, mais elle avait été interdite par les autorités et étouffée dans l’œuf par la police.
"Nous avons suspendu les actions de masse (...) Nous ne pouvons pas envoyer les gens à l'abattoir", a commenté Martin Fayulu, qui a été crédité d'environ 5% des voix à la présidentielle de décembre. Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga (sud-est), a obtenu un score de 18% des suffrages. Floribert Anzuluni, comme une vingtaine d'autres candidats, n'a pas atteint 1%, alors que Félix Tshisekedi, président depuis janvier 2019 et candidat à un second mandat, a dépassé les 73%, lors d'un scrutin à un seul tour. Son investiture est prévue samedi dans le plus grand stade de Kinshasa.
Lors d'une conférence de presse virtuelle, MM. Katumbi, Fayulu et Anzuluni ont réitéré jeudi leur appel à l'annulation des élections, entachées selon eux de fraudes généralisées. "Tous les Congolais ont compris que c'est une farce, nous sommes devenus la risée du monde", a insisté Martin Fayulu.
Lire aussi : Législatives en RDC: la majorité se dessine pour la coalition présidentielleLa présidentielle a eu lieu en même temps que les élections législatives, provinciales et locales, un quadruple scrutin qui a démarré comme prévu le 20 décembre mais, face à de nombreux problèmes logistiques, s'est étalé sur plusieurs jours. Les résultats de la présidentielle ont été annoncés le 31 décembre par la commission électorale (Céni) et confirmés le 9 janvier par la Cour constitutionnelle. Les résultats provisoires des législatives ont été publiés le 14 janvier par la Céni et suscitent eux aussi de nombreuses protestations, jusque dans le camp présidentiel.
Le 24 décembre, dans sa messe de Noël, l'archevêque catholique de Kinshasa avait qualifié les élections de "gigantesque désordre organisé". Dans un communiqué diffusé jeudi, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) parlent d'une "catastrophe électorale" mais, tout en demandant à la justice d'"invalider les fraudeurs", appellent le peuple "au dialogue, au calme, à la paix et à l'apaisement des esprits".